IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 11.25 12.8 |2.5 1^ 12.2 tJUu IIIIIM 1.4 mil 1.6 ^ US, % ^ ^ M Phot)graphic Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 \ ^ :\ \ [v %f^^ ô^ '^ ) W s^ .\ ^> ^ ^ Ô^ CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVI/ICMH Collection de microfiches. Canadian Instituts for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques The instituts has attempted to obtain the best original copy availabie for fllming. Features of this copy which may be bibliographically unique, which may alter any of the Images in the reproduction, or which may significantly change the usual method of fllming, are checked beiow. D D D D D D Coloured covers/ Couverture de couleur I I Covers damaged/ Couverture endommagée Covers restored and/or laminated/ Couverture restaurée et/ou pelliculée I I Cover title missing/ Le titre de couverture manque I I Coloured maps/ Cartes géographiques en couleur □ Coloured ink (i.e. other than blue or black)/ Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noira) I I Coloured plates and/or illustrations/ Planches et/ou illustrations en couleur Bound with other matériel/ Relié avec d'autres documents Tight binding may cause shadows or distortion along interior margin/ La re Hure serrée peut causer de l'ombre ou de la distortion le long tie la marge intérieure Blank leaves added during restoration may appear within the text. Whenever possible, thèse hâve been omitted from fllming/ Il se peut que certaines pages blanches ajoutées lors d'une restauration apparaissent dans le texte, mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont pas été filmées. 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The c tothc The i( possil of th< filmlr Origii begin the la sion, other first I sion, or illi The II shall TINU whici Maps differ entirc begin right requii meth This item is fiimed at the réduction ratio checked below/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 26X 30X s/ 16X 20X 24X 28X 32X The copy filmed hère hes been reproduced thanks to the generotity off: Library of the Public Archives of Canada L'exemplaire filmé fut reproduit grflce à la générosité de: La bibliothèque des Archives publiques du Canada The images appearing hère are the beat quality possible considering the condition and legibility of the original copy and in keeping with the filming contract spécifications. Les images suivantes ont été reproduites avec le plus grand soin, compte tenu de la condition et de la netteté de l'exemplaire filmé, et en conformité avec les conditions du contrat de filmage. 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Un des symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: le symbole "^ signifie "A SUIVRE", le symbole V signifie "FIN ". Maps, plates, charts. etc.. may be filmed at différent réduction ratios. Those too large to be entirely included in one exposure are filmed beginning in the upper left hand corner, left to right and top to bottom. as many frames as required. The following diagrams illustrate the method: Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être filmés à des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite, et de haut en bas. en prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. 1 2 3 1 2 3 4 6 6 Cl] D] 'I^îin^ ^^it^mm^^ /Sst) m- f^^*-- i i I 'i; . 1 LA KlCHESSE IIm! DU CULTIVATEUR, ou LES SECRETS DE JEAK-f ICOI.AS BENOIT. 4* ##^ -tn-j. I ■i£ : ■ \ 4 LA RICHESSE DU CULTIVATEUR, OU LES SECRETS ■I I I ) • DE JEAN.NICOLAS BEXOIT PAR A. L. >t i- A BERTHIER, Imprimerie de l'Echo des Campagnes. f 4 18 5 0. ■ • • \ ■) I • - • ^ « • ■ , > ' 1 < t . t , , • • < • . » - • . , , , , ■ • ..: •.; '..• ••: ' , n t ^p-J'^ 0* Sachant combien sont rares et coûteux les livres qui traitent d'A2;riculture, souvent écrits dans un style trop élevé et trop scien- tifique pour le grand nombre ; mû par le dé- sir de rendre service à plusieurs Cultivateurs, j'ai entrepris de faire un Précis ou Analyse*, de l'ouvrage de Sir John Sainclair, c'est- à-dire de ce que j'ai cru être utile au Canada. Je savais très-bien que cette entreprise était au-dessus de mes forces; cependant j'ai continué, dans l'espoir que ce petit ouvrage ferait peut-être naît- : chez quelques-uns le désir de s'instruire, (|; 'ensuite on ferait des recherches plus étendues, qu'en s'instruisant le bien s'opérerait. C'est mon unique but. J'ai cru devoir faire précéder mon Préciv. de l'ouvrage de Sir John Sainclair, par les Secrets de Jean-Nicolas Benoît, qui valent un beau Traité d'Agriculture Pratique. En fait d'agriculture, je ne puis me rendre utile à mes concitoyens que par le moyen d'extraits, d'anal vse. D'auti-es plus heureux ' ( -Aa I- ■ I pourront ren(]rc des services plus Ominents par leurs connaissances dans ce grand art de j)rcniière nécessité. Les enfants du pays leur tondent les bras, les attendent pour leur ap- prendre à cultiver le sol, afin de faire oublier au trop grand nombre de jeunes gens la vie errante et vagabonde qu'ils ont menées en c ourant de rivages en rivages, d'où ils n'ont rapporté que la paresse et la démoralisation. L'instruction solide, propre au pays, notre seule planche de salut, fera connaître les im- menses avantages de l'Agriculture perfec- tionnée, et pour quelles raisons plusieurs pays d'Europe jouissent d'une si grande somme de bonheur et de prospérité, tandis que nous sommes languissants, faute d'ins- truction convenable, ce qui fait que l'on n'ose (întreprendre aucun système nouveau. G. Chagnox. L'Assomption, Juillet 1850. L.A RICHESSE DU CULTIVATEUR, ). ou LES SECRETS J>M DE JEAN-NICOLAS BENOIL -Hsra:oaEa-H Il existe dans le village de R. .. . dans l'ancienne province de Lorraine, un homme qui, par sa longue expérience dans la culture des terres, et par des idées que quelques personnes trouveront peut-ûtrc singulières, mais qu'il a puisée dans une ]irnliquo constamment heureuse, me paraît mériter d'attirer un moment l'attention des cultivateurs qui cher- chent à tirer le meilleur parti possible de Ictus ter- res. IIISTOmE DE BENOIT. Jean-Xicolas Benoit, né de parents très pauvres, dans ce même village, ayant perdu son père et sa inère, partit en 1776, à l'âge de vingt ans, avec un seigneur flamand, qui l'emmena comme domesti- que. Son maître s'aperçut bientôt qu'il avait uu goût très vif pour la culture de la terre, et il le pla- <,'a chez uu de ses fermiers, dans les environs de Bruxelles. Benoit fût d'abord très surpris de trou- ver dans ce pays un genre de culture entièrement différent de celui qu'il avait vu pratiquer chez lui ; cependant, il sentit bientôt combien l'occasion était javornLle pour s'instruire dans un art qu'il aimait M ! I"' r ^ •» 8 LA RfCIIF.SSE DU CULTIVATnUn. avec passion, et il se livra avec ardeur à observer et étiulior tons les procéilés qui sont en usage élans ce pays, le mieux cultive do l'Europe. SON MARIAGE. Au bout de quatre ans, le désir qu'il avait de s'ins- truire dans les méthodes de culture de divers- pays, le détermina à parcourir plusieurs cantons de l'AI- lemaiçne. Deux ans après, il se fixa dans le Palati- ïiat (lu llhin, où il demeura quatre ans. ]1 voulait visiter l'Angleterre, j);\rco qu'il avait entendu dire que plusieurs parties de ce lloyaume sont cultivées avec une grande perfection ; mais ayant fait con- naissance d'une fille, qui était eu service chez le môme maître que lui, il l'épousa. Elle avait hérité d'un de ses oncles qui lui avnit laissé une maison et quelques terres, dans un vil- lage du pays du Hanovre. Les deux époux parti- rent pour aller cultiver kur petit bien. Devenu propriétaire à l'âge de trente ans, Benoit avait profité de tous les bous exemples qu'il avait eu sous les yeux, dans les pays qu'il avait parcou- lus ; il était actif, ennemi de la paresse, adroit et intelligent, il adopta les meilleures pratiques (jui pouvaient être appliquées avec avantage à ses ter- res. Après avoir étudié leur nature pendant quelques mois, après avoir observé la manière dont on les cultivait, le prix des diverses denrées dans le pays, il fixa le plan qu'il aviit à suivre. Une petite mai- sou, quelques pièces de terres labourables, et quel- ques prés, faisaient toute la fortune de sa femme. Les terrains étaient bons ; mais le genre de culture du pays était détestable, et par conséquent les ha- bitants très pauvres, les terres s^e vendaient à vil prix, résultat de leur insouciance. Jîenoit se pro- mettait bien de ne pas imiter leur exemple. Ce- pendant, il n'avait point do l>estiaux ; il n'avait que six ou sept cents francs qu'il avait économisés ainsi LA RÎCIIF.SSF. nu CrLTlVATEl'R. 0 qwc. nn femme ; il leur Aillait nn petit ménngc, qurl- qiirs instruments trngriciilturo. Le conrngeux lîc- noit prit un parti cxtruorilinnirc ; il vendit deux lofs (lo terre tic ses meilItMirs prés à un des plus riches df l'endroit, et em|)loya le prix pour uchctcr rpintrc vsiclies. Tout le inouilc riait do lui : vendre dos prés pour nehetcr des vaelies ! Mais llonoit savait Lien comment on nourrit des vaches sans prés ; cela ne rin(piiétait point. La première année, il ne scmn en Mé que ce qu'rl lui fallait |)our sa provision ; au prinlem|)s, il sema de la graine de trèfle sur son blé. Kn plusieurs ibis, il sema une certaine quantité d'avoine avec du trèfle ; il faucha son avoine en vert deux ibis, pour nourrir ses vaches à l'écurie ; à rautomnc, son tré- ilo lui donna une coupe passable, tandis qu'il aurait à ]ieine couvert la terre, s'il avait laissé mû- rir son avoine. 71 entreprit de semer de la luzerne, espèce de trèfle ou ibin légumineux qui croît en Bourgogne. A l'aulomne, elle était haute d'un pii'd. Il jilanta une assez grande quantité de patates, et des grands-choux-cavaliers, dont il avait apporté la graine avec lui ; il en nourrit ses vaches pendant les mois d'octobre, novembre, mars et avril suivants. ]l sema des plantes légumineuses que l'on noin- mc vesces, les faucha et les fit sécher lorsqu'elles étaient en fleurs ; comme c'était une terre légère, il la Inboura aussitôt, y sema des navets qui lui donnèrent une bonne récolte. La femme de Benoit était forte, aussi Inborieuso que lui ; presque tout cela se fit à la bêche et de leurs propres mains. Il se firent donner quelques journées de charrue, dans les forts travaux par un cultivateur voisin, qui était persuadé, en les voyant rcmmcncer, que dans peu d'années, tout serait ven- du par morceaux. Au lieu d'envoyer ses vaches au pâturage, comme c'était l'usage du pays, Benoit garda les siennes à son établc ; et, au moyen de son avoine verte, dont i' * » i * H 10 LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. tout le monde se moquait, de son trèfle, do sa luzer ne, de ses choux; au moyen de son foin de Bour- gogne, ou vesces, de ses patates, de ses navets, pen- dant l'iiiver, il aurait pu se passer d'une grande partie du foin qu'il avait récolté sur ses prairies. Ses vaches bien nourries, lui donnaient deux fois autant de lait que les meilleures vaches du village, qui allaient en pâture. Sa femme allait tous les jours vendre son lait à la ville ; et au bout de Tan- née, elle en avait vendu ytoiu treize cents francs. Il avait dépensé environ cinq cents francs, tant pour quelques frais de culture que pour quelques objets de consommation nécessaire dans son ménage, et pour acheter un peu de paille, qui lui était néces- saire cette année, à cause de la petite quantité de grain qu'il avait semée ; en sorlo qu'il lui restait eiîviron 800 fr. de profit. Jjeneit se garda bien d'employer cet argent à acheter des terres, à très bas prix, à cause du mau- vais système de culture des habitants qu'ils ne vou- laient point changer; il s'était imposé 1q loi de ne jamais acheter de terres, que lorsque les siennes seraient parfaitement amendées, et lorsqu'il aurait du fumier en suffisance pour en amender de nou- velles; il savait bien qu'un arpent de terre l)ien amendé en vaut ])lus de deux, et que les terres sans fumier ne paient point les frais de culture. Ses vaches restaient toujours à l'étable, fortement nour- ries, lui donnant une énorme quantité de fumier, si bien que dès cette année, il pût amender la moi- tié de ses terres. Benoit ne voulut point acheter d'antre bétail, n'étant point sûr de récolter de quoi en nourrir plus qu'il n'en avait ; d'ailleurs, il élevait les quatre veaux qu'il avait eu, parmi lesquels il n'y avait qu'un'? génisse, à son grand chagrin. Ne voulant pas enterrer son argent, la vente de son lait lui en prociu'ant tous les jours, il en fit un emploi qui excita la risée de ses voisins, sans acti- vité. Son é table ne pouvait contenir que huit bêtes ; LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. 11 mais il avait ses vues, cette année lui ayant prouvé que son plan était bon ; il fit doubler son étuble, et lit construire un réservoir, clans lequel il recueillait l'urine de ses vaches, comme il l'avait vu pratiquer dans le Falatinat. Par ce moyen, sans diminuer la masse de ses fumiers, il put amender l'année siiivaiite, quatre grands lopins de terre avec cet ex- cellent engrais liquide. L'année suivante, à quelques améliorations près, Benoit suivit à peu près le même système de cul- ture ; continuant à élever ses veaux, son l)étail s'aug- menta, et devint nombreux; ses terres étant bien amendées, il en acheta de nouvelles, dont il dou- blait toujours la valeur par la manière dont il les amendait. Quatre ans après, il avait assez de terres pour avoir une charrue à lui-même ; car il lui en coûtait beaucoup tous les ans, jtour faire labourer ses terres jiar les cultivateurs, qui ne lui faisaient que de mauvais labours, suivant leur ancienne routine, et toujours à contre-temps, bien diiiereuts de ceux qu'il aurait pu faire lui-même. On labourait dans ce pas, avec des charrues à avant-train, auxquelles on attelait six ou huit che- vaux. Benoit avait longtemps labouré en Flandre ; il savait bien qu'une charrue attelée de deux che- vaux pouvait faire tout autant d'ouvrage et de meil- leur ouvrage. Les terres de son village étaient for- tes ; mais il en avait labouré d'aussi fortes avec (\{iux chevaux ou deux bœufs. Se ra])pelant la bonté que son ancien maître avait eue pour lui, il lui écrivit, en Flandre, pour avoir une charrue, «ju'il reçut aussitôt; et, en lui en envoyant le prix, il en demanda une seconde, que son ancien maître lui envoya en le félicitant sur les heureux résultats qu'il avait obtenus de son industrie. Benoit dressa doux jeunes bœufs qu'il avait éle- vés; et, avec cet attelage, il faisait autant d'ou- vrage que les meilleurs laboureurs des environs, I V' . i y if. X 12 LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. et qui étaient bien supérieurs aux leurs. On cessa alors de se moquer ilc lui ; les fainéants changèrent d'opinion ; les voisins virent qu'il connaissait la cul- ture mieux qu'eux ; que la vieille routine de leurs pères ne convenait plus, et les conduisait à une af- freuse misère ; ptirce qn'ils n'avaient jamais eu as- sez de courage pour en dévier. Benoit était aimé de tout le monde, à cause de son honnêteté. On se disposa à l'imiter dans tout ce qu'il faisait. Cependant, il cultiva pendant trois ans entiers avec son attelage à deux chevaux ou bœufs, sans voir de changements chez ses voisins, tant le préju- gé et la paresse ont d'empire sur les hommes. Un jeune homme se fit faire une charrue semblable à celle de Benoit, et s'en trouva bien ; quelques an- nées après, il n'y avait plus d'autres charrues à deux lieues à la ronde. La fortune de Benoit s'augmentait rapidement ; son bétail se quatruplait. Il était économe ainsi que sa femme; leurs vêtements étaient faits de leurs mains. Les pernicieuses modes des villes n'avaient point d'accès chez ces honnêtes lahou- reurs.tous les ans, ils achetaient des terres nouvel- les, autant qu'ils en pouvaient amender et bien cul- tiver. Benoit n'achetait plus de paille, parce qu'il avait divisé ses terres en saisons régulières, dans lesquelles il cultivait assez de grain pour lui procu- rer toute celle dont il avait besoin. De la manière qu'il cultivait ses champs on conçoit facilement que .«îcs récoltes étaient beaucoup plus abondantes que celles de ses voisins sans énergie. Vingt ans après son établissement, il était riche, il avait trente vaches à l'écurie, six bœufs de labour, .«ans compter une quantité de bœufs qu'il achetait chaque automne, pour les engraisser et augmenter sa masse de finnier. Il était alors propriétaire d'ati- dessus de trois cents arpents de terre, dans l'état de culture le plus parfait. Mais le prix des terrrs était alors augmenté du double, parce que chacun LÀ RICHESSE DU CULTIVATEUR. 13 ayant laissé son état d'inertie, avait fini par Timi- ter. Benoit n'était point de ces hommes qui voudraient vivre seul ; c^est pourquoi il était aimé de tout le inonde. Il enseigna à ses voisins à bien cultiver et à plâtrer le trélle ; à entretenir un grand nombre do bestiaux, unique ressource de prospérité pour le cul- tivateur, en cultivant, pour les nourrir, beaucoup de plantes qu'ils ne coiinaissaient pas ou n'avaient pas voulu connaître, surtout les patates, carottes, et au- tres plantes de ce genre. Il leur lit diminuer le trop grand nombre de bêtes d'attelage. II n'en faut pas tant pour changer totalement la face d'un canton, et faire succéder la richesse à la misère, fruit de l'indolence. Aussi à plusieurs lieues à la rondo, Benoit était béni et respecté. ; f r; 1. , l 'il. SON RETOUR EN FRANCE. J'ai raconté jusqu'ici les prospérités de Benoit ; pourquoi faut-il ^jue je parles maintenant de ses malheurs? Il avait eu de sa femme un fils et une fille. La dernière, mariée à un homme qtii lairen- •dait heureuse, mourut à sa seconde couche, en lais- sant une petite fille, que Benoit prit chez lui pont l'élever, et qui^levint l'o-bjet de toute sa tendresse* «Son fils fût forcé d'embrasser l'état militaire, il fût tué dans les guerres de la révolution ; son père en fût d'autant plus inconsolable, que c'était en com- battant contre la France qu'il o /ait perdu la vie. Sa petite-fille, son unique esjjoir, mourut de la pe- tite vérole, à l'âge -de dix-huit ans. Sa femme ne put résister à tant d'infortunes, et laissa le malheu- reux Benoit entièrement isolé sur la terre. Accablé de tous ces malheurs, le pays ou ils les avait éprou- vés lui devint insupportable ; il se détermina à ven- dre tout ce qu'il avait, et à revenir dans son pays natal, pour achever ces jours dans la société -de «juelques parents qu'il y avait laissés. H! ir 14 LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. il I Il y a maintenant quatre ans que Benoit est revenu en France ; il s'est fixé clans lo village de Rovillo, où il est né : trop âgé pour labourer, il cultive lui-même son jardin ; parce qu'il lui est impossible de rester oisif. J'habite dans le voisinage de ce brave homme, et jamais je n'éprouve plus de plaisir que lorsque je m'entretiens avec lui. Il a soixante et quatre ans, jouissant d'une santé parfaite qu'il doit à sa vie la- borieuse. Il a conservé toute la simplicité du costume et de mœurs des honnêtes cultivateurs du pays qu'il a habité si longtemps ; mais dans ses vêtements, dans son ameublement, dans toute son habitation, respire la propreté la plus soignée. Il parle peu mais il rai- sonne juste. Il a habité pendant trente ans dans un pays où la religion catholique n'est point excercée, et où il n'y a point de pasteur ; sa religion n'en a point soulTcrt j il resta attaché à la foi de ses pères. Il a vendu pour quatre-vingt mille francs de terre en Espagne, sur quoi il n'a réservé que le strict né- cessaire, donnant beaucoup à ses parents, môme à des étrangers, à condition qu'ils fussent actifs, labo- rieux et probes ; il haït le paresseux et le négligent. Il s'est acquis un ami qui ne peut parler de lui sans verser des larmes d'attendrissements. LE COUSIN. Allant un jour chez Benoit pour le consulter sur quelques améliorations d'agriculture que je voulais faire exécuter, je le trouvai avec un de ses cousins qui habite une commune voisine, où il possède une vaste étendue de terrain qu'il cultive sans être ri- che; il est âgé de quarante-deux ans, très robute ; mais d'un caractère fort lourd, ennemi implacable de toute amélioration et de tous changemements en fait d'agriculture. Il est cependant travaillant. Sa charrue est attelée de six beaux chevaux dont n LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. 15 ligent. li sans il prend un soin particulier à l'exclusion de tous au- irc's animaux qui lui donneraient du profit. Il ne vend ni i..in ni paiilV, faisant ses travaux régulièrement suivaui l'nsugo de ses pères ; il ne dessaisonncrait jamais Ui.c pièce de terre qu'il ménage comme ses chevaux ; il croirait la ruiner s'il semait quelque î^hose dans les jachères ou terrains en repos pour l'année ; ai:.s.j- parmi ses pareils, passe-t-il pour un excellent cultivateur. Il est très économe ; malgré cela il no subvient à .'•es besoins qu'avec beaucoup de peine : trouvant que l'état do culture n'était point assez lucratif, il voulut; faire prendre un autre état à l'un do ses fils; mais il fut forcé d'y renoncer, vu son peu de moyens, résultat de la vielle routine. Lijuoit l'estime parc.î qu'il est laborieux et hon- nête ; il scflatte toiijou,-s de le ramener à la rai- ''"n ■ '^lis il lui repioche son scrupuleux respect pour la coutume ; il le comparait dernièrement à un élégant de la ville qui ne voudrait point porter un chapeau à bords larges, qui le garantirait de la pluie et du soleil, parce qu'on ville on ne peut por- ter de chapeaux qu'à bords étroits. Cependant, ce cousin vient souvent voir Benoit pour lui demander les secrets au moyen desquels il a fait une si grande fortune en cultivant la terre. Benoit se rend à ses désirs; le cousin l'approuve, mais il n'a pas le courage d'essayer aucune amé- lioration dans la culture, tant il craint sa femme. Depuis deux ans ce cousin voulait semer des ca- rottes, parce que Benoit lui avait fait voir de ses yeux et par expérience, que c'était une excellente nourriture pour les chevaux ; que dans""*ie pays où il avait habité, on leur on donnait pendant tout l'hi- ver, sans avoine môme dans les plus forts travaux ; ce qui les tient toujours gras et vigoureux ; mais ayant voulu parler à sa femme qui tient la bour- se et l'autorité, elle lui fit cette réponse pérem- toire: " semez si vous le voulez vos petites carot- ** tes ; vous les binerez, façonnerez et les arracherez, " vous n'aurez pas uu sol pour cela pour payer un î i I i i n rv. I ' 16 LA RICHESSE DU CULTIVATEUH. « "journalier, ni pour acheter une voiture de fumier 5 nous avons bien vécu sans cela, et nous pourrons "encore vivre de même ;d'nn autre côté, j'ai besoin "d'argent pour acheter du ruban et des soiries pour " mes filles ; il y a des marchandises et des modes "nouvelles d'arrivées à le viîlo^ ii-jui Lluvoii.>s fcupro- «( fitcr ; c'est pourquoi il nous faut mcnagcf l>out "«ous procurer ces choses d'élégances." On remarque que cette femme sans éducation, qui la détestait même, afin de ménager disait-elle, n'a- vait que l'orgueil en tête ; méconnaissant et mépri- sant son noble état, aiirait voulu figurer nvec les gens des villes, bie« venus chcK elle, au moyen de compliments fades et insipides. Cette femme à fi- gure dépourvue de bon sens, aurait préféré souffrit le martyre plutôt que de renoncer à la toilette, aux visites de donneurs de compliments affamés et à toutes améliorations agricole. Force fut donc à son docile et bénin mari d'abandonner son projet. Le fourrage fut très rare, cette année là, ainsi que Tavoine qui se vendit très cher ; le cousin n'en put vendre un seul grain, n'ayant presque pas de ibin à donner à son trop grand nombre de chevaux à rente. Un voisin de Benoit avait semé une grande quan- tité de carottes dont il nourrit ses chevaux pendant tout l'hiver, sans leur donner d'avoine ENOïT. — On n'y cultivait que du grain, blé, avoi- ne et surtout beaucoup d'orge, parce qu'en ce pays Y>n y consommait une énorme quantité de bière. \'ous ne voyiez que tonnes, bariques et barils de f>iére par les chemins et les rues, malheureusement lies hommes devenus lourds, par son fumet souvent falsifié et nuisible à la santé. On laisse la terre eu versaine ou en repos régulièrement pendant trois ans ; on semait un peu de trèfle, mais que l'on no savait pas cultiver : on le semait toujours dans l'or- ge ou dans l'avoine, après du blé, ce qui est la plus mauvaise place où l'on puisse le mettre. De cette manière, il faut que lu terre soit bien bonne et les circonstances bien favorables, pour que le trèfle réussisse et il donne rarement des récoltes complè- tes ; d'ailleurs, on ne savait pas l'amender avec du plâtre ; on ne savait pas non plus le sécher ; on le fanait comme le foin des praieries, et il arrivait que lorsque le temps était mauvais on le perdait entière- ment, ou ou le rentrait à moitié pourri ; tandis que s'il faisait sec, toutes les feuilles restaient sur le terrain, et l'on ne rentrait que les tiges qui ressem- blaient à des brins de balai. Aussi on y fait peu do cas du foin de trèfle au lieu que lorsqu'il est bien fait, les bestiaux le préfèrent au meilleur foin de prairie. Le bétail y était peu nombreux et très mal entretenu ; le pâturage pendant Pété et la paille pendant l'hiver, formait sa S3ule nourriture ; aussi pour peu que la saison fut sèche, les vaches étaient clans un état déplorable. Au bout de quelques années, voulant engager un de mes voisins à cultiver du trèfle, je lui fis voir que lorsque son blé lui coûtait six francs le boisseau, le mien que je semais toujours sur le trèfle, ne me coûtait pas trois francs. Le cousin. — Comment pouviez-vous donc savoir ce que vous coûtait votre blé ? Quant à moi, je sertis bien embarrassé si on me demandait ce que coûta le boisseau de blé ou d'avoiac que je récolte. >!'!!' 18 M I i I '; I ■i il LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. COMPTE DE CULTURE. Bknott. — Rien de pins fiicile ; il ne »^agit que de calculer. J'ai ètè en service pendant plusieurs an- nées chez nn bon cultiratenr dans les environs dey Manhcim, qui mVmployait qtuefqne fois à écrire se» comptes qu'il tenait très régulièTen»ent ; j'en com- pris facilement la méthode qne je ini^en i>ratique pour moi-même ; ce qui Juil qtre je connaissais le prix de mon blé, mon orge, mes patates, mes va- ches, etc., et que je savais de même ce que j'avai* gagné ou perdu- sur chaque article. ïiE COUSIN. — Comment vonlez-vous donc qu'un cultivateur continuel lenjrent occuper ptTisso trouver le moyen d'écrire ? d'ivn antre côté, il fawt le savoir ou payer pour faire tenir ses comptes. BENorr. — Je n*ai jamais perdu de temps pour ce- la ; j'avais toujours sur m>oi nn petit cabrer et un crayon ; J'écrivais de» notes, soit aux champs ou au marché ; je mettai» ces notes en ordre aur un ca- hier propre, tous les soirs avant de me coucher. Le dimanche aiprès les offices, je dressais mes comptes régulièrement, an lieu d'aller boire ou conr- xir d'une maison à l'antre avec Je n'employai» qu'une demie heure tout au plu». Au bout de l'année, besoin que de deux addition», pour exactitude ce que chaque récolte m'avait coûté et rapporté, ainsi que mes vacbe», mes bonife de la- bour, mes bœtifs à l'engrais, etCr Vou» m'observez, que les cultivateurs ne savent point écrire ; qu'il» ne connaissent point la manière de tenir leurs compte», A qui en est la faute, si ce n'est à eux- méme f PourqiKyi ne iont-il» pas instruire leurs en- fants, au lieu de le» laisser errer par les rues et s'engraisser de désordres ? IFs n'ont point le moyen ? c'est un mensonge horrible î Que ne mette nt-il» l'argent qu'ils dépensent en boisson, en re^xis inuti- les, en ruban et en soierie on autres étoiles de grand prix, en chevaux et attelage» pour faico promener me» confrères. a« travail je n'avais savoir avec LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. 19 grand me lier €t perdre leurs enfants, pour faire instruire ces mê- mes enfant, en faire de bons citoyens, de bons pères «le famille, a» lieu de vagabonds, de paresseux el immoraux, et qui deviennent le rebut de la sociétù pur la volonté de leurs parents. Le cousin. — Ce doit être bien difficile de dresser ces comptes ; je n'y peux rien comprendre. . Benoit. — Tout est diflicile et impossible à Thoni- rae qui no veut rien faire et qui ne veut rien ap- prendre. La méthode pour bien tenir ces comptes est très facile ; il s'agit de s'y mettre et dire je veux réussir. Ces comptes sont z [ten prés semblables a ceux que tiennent les commerçants et les munufae- turiers pour leurs opérations; ils sont aussi utiles dans l'agriculture ; en effet le cultivateur n'est-il pas un fabricant de bîé, d'orge, de grain, de loin, de viande et autres produits agricoles qu'il vend et débite |K)ur la nourriture du genre humain *? Un li- vre de dépense et de produit est donc aussi néces- saire à l'agriculteur qu'au fabricant de draps ou au- tres effets. L'éducation est actuellement si facile que le cul- tivateur qui alléguerait cette raison pour excuse l\i^ mériterait que le souverain mépris. Envoyez-moi votre fils, et je vous promets qu'en très peu de temps, il saura très bien tenir vos comptes. Le cousin. — Mon fils sera très content, et je vous remercie de votre bonne intention. Vous croyez donc que la tenue des comptes est d'un grand avantage ? Benoit. — Je ne comprends pas même comment on s'en pourrait poser. Sans cela comment le cul- tivateur connaîtrait-il les articles de son exploita- tion qui lui ont donné du béuéfïco, ou ceux qui lui ont causé des pertes ; quels changements pourrait- il apporter s'il ne connait rien. Je compare «et Lomme à un aveugle-né. Un cultivateur nourrit des vaches, des bêtes à !aine, il engraisse des bœufs, des moutons ou autres animaux domestiques ; comment peut-il savoir qirel est celui do ces articles qui lui ( • li nt' 20 LA RICHESSE D(7 CULTIVAIT.UR. : , I présente du bénéfice, s'il ne »'en rend pas compte? ^a fortune tient à cela. Comment Toulez-vous qu'il sucue s'il a plus de bénéfice à raKîttre son luit en bourre ou en fromage ? fcJ'il veut ciiUiver des patii- tes dans ses champs, ce n'est qu'au moyen de ces compte» qu'il verra si elles lui coûtent phis qu'ellc^f ne lui rapportent. Si le» cultivateurs tenaient leun comptes régulièrement, s'ils ne dépensaient pus au- delà de leurs revenus, vous les verriez rester snr ]cur8 terres et les transmettre à leur postérité; vous les voyez pendant quelques années faire grand bruit, au compte des marchands ; leurs terres sont vendues ; des hommes d'autres pays les remplacent et font fortune sur le même sol où leurs devanciers s'étaient criblés de dettes par de folles dépenses, lais- sant des enfants aussi ignorants qu'eux, nés pour er- rer dans les bois ou pour courrir de rivages en riva- ges en savourant le plaisir delà dépravation, fruit de l'ignorance que leurs pères leur ont laissé en par- tage. .Le cousin. — Ces comptes peuvent être utiles. Benoit. — Le plaisir de se rendre compte, aussi souvent qu'on le désire est une récompense sufll- bunte ; comme cela encourage au travail ! Je suis assuré qu'un cultivateur qui aura commencé cetre pratique, ne la quittera jamais j parce qu'il verra toujours clair à ses aiTaires, et par là évitera sa ruine. BLÉ SEMÉ SUR LE TRÈFLE. Le cousin. — ^^^ous venez de me dire que le blé que vous semieE sur le trèfle ne coûtait pas la moitié de ce que vous semiez sur les versaines ou terres eu repos ; je ne vous comprends pas ; voulez-vous me l'expliquer ? Benoit. — C'est tout simple. Quand vous semé?; du blé sur les versaines, vous devez mettre en dé- pense du blé les deux années de rente de la terre. Le cousin. — Pourquoi mettre ce blé en dépense î moi, par exemple, je cultive mes terres, et ne paie rien pour cela» T.A RICHESSE DU CITLTIVA TEUB. 21 jmptcl lis qii'jl luit Cil s patu- ile ce* qu'elle?» (t leurs pus au- ilcr snr stérile ; e graml es sont placent mnciers es, lais- poiir cr- in riva- )n, fruit ! en par- les. 2, aussi se suftl- Je suis celte l verra la ruine. h\ù que oitié de rres en ou s me semez en dé- terre. > pense 1 lie psiiv TiENoiT. — Avez- vous eu vos terres iwur rien ? vo- tre argent ne doit-il pas rap|K)rtor sa rente tous los ans ? ne potirricz-vous pas louer vos terres ? Les ré- coltes que vous en tirez doivent vous payer crltc rente, de lnémcqu^1n manufacturier compte en ilé* pense, tous !cs ai», les intérêts da capital qu'il a employé en bâtiments et machines, etc., et veux ne |X)«vez compter do bénéfice que lorsque cette rc4île est payée. Quelle qire «oit la récolte que vous •cultiviez, ^c premier article de la di'pensc ))ion meilleure qualité. En faisant pâturer vos pré.^, Jii dépense ne vous panît rie», j)arce qu'il ne s'agit que. d y lâcher les chevaux ; cejjendant, cetto dc- ]iensc est vraiment égale à la valeur du foin ou du roguin que vous auriez pu récolter sur vos prés. >\chctcz mille livres de foin 2:') fr. |x>ur nourrir vos bétca, ou prenez celui quo vous avez récoUé chesc vous, et que vous pourriez vendre le même prix» c'est absolument la niûmc chose ; aussi doit-on met- tre en dépense, au prix du marché, toutes les den- jees qu'on fait consommer chez soi. Calculez quelque jour lu dépense do vos chevaux ; nioutez à leur nourriture en ibin, paille, avoine, ])â* turc, le prix d'un engagé pour les soigner, l'intérêt du prix d'achat, à 15 pour cent au moins, }xireequv> votre cheval vieiMit tons le» ans. Le cousw. — Je n'achète guère de chevaux; ji> les élève ordinairement chez moi. lÎENoiT. — Vous ne les éle. ,i yaxs ]K)ur rien; comptez ce qu'il» autont consommé avant d'être eu et.ut db travailler, vous trouverez ])out-étro qu'il* vous coûtent autant (jste si vous les achetiez. Comri- te/ dans leur entretien, les fraisa de maréchul, de bourrelier, de vétérinaire, ajoutez-y line certaine .somme annuelle pour couvrir les chances de pertes jiar maladie ou accidents. Cn cheval doit voii>^^ coûter 350 francs ]kiy an. Connaissant ainsi la de- j:ense totale de vos chevaux. vous})ourrez calculer à t^uel prix vous rcvieunent les luboui&ct autres ou- \ LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. ^3 vT«gcs nuquols voiiR les employez. Vous verrez si j'ai estimé Wn 1 iboiirs trop haut, en les évaluant a r» fr. Parpent pour ('haque jour de Inbowr. T-.E COUSIN.— 350 fr. pour chaque cheval! com- ment? i'ni dix cheFMUx, ils me coûteraient tous les uns 3,500 francs ! mais «i je jouais toutes mes terres, je ne pourrais pas tirer la moitié de cette somnu*. Benoit. — Ce nVit pas mu faute; faites vous- m6mo le comjrtc, et vous verrez s'il se trouve bien éloigne du mien. Vous saurez alors ce qwe vous coû- tent réellement les lalwurs, et votts serez en état de juger de quel avantage il est de chercher un mode de culture qui permette d'en diminuer lo nombre sans cependant nuire au produit des récoltes. aux ; erel i quv> ; J^^ SUrPRESSÎON DES VERSAINES. Le cousix. — Pour semer toujours du blé sur 1p trède, il ne faudrait pas faire de versaine ; vous n'eu faisiez pas dans lo pays oii vous étiez. Croyez-vous (Hie ce serait possible i«i î Benoît. — Vous an«z vous-mCme répondre à cette- question. Ecoutez-moi: je suppose que, dans vos terres, vous choisissiez une pièce de terre de qua- iité moyenne, mais d'un terrain pas trop fort ; que vous lui donniez un premier labour au printemps, de bonne heure ; que vous y conduisiez lo fumier Décessaire jMXir l'engraisser; que vous donniez urv second lal)onr; que vous la plantiez en patates, et Jos bien cultiver; croyez-vous que vous auriez une belle récolte ? Le COUSIN, — Airïsi cultivée, je le crois bien; il iuudrait que Tannée fût bien mauvaise si je iravais pas une abondante récolte. Benoit. — Au printemps suivant, donnez encore deux labours àcetto terre, et semez-y de ravoinM «ti de l'orge avec du trèfle. Combien pensez-vous qiîo vous récolteiiez d'avoine? Le COUSIN. — D'après cette fumure, on pourrait, compter aiir un liera de plus en produits que sur noè M * I r=N i : lii i! ,U 24 LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. terres que l'on ne fume que tous les six ans tout ai^ ï»lusret avec peu de fumier. Benoit. — Le fumier ne serait pas la seule causé q!ic vous auriez une bonne récolte ; mais c'est quil votre terre devient très propre après une rt-colte d0 patates. C'est \Kxr cette raison aussi que la trois! é-' me année vous aurez de beau trèfle, tandis que si vous semez le trèâe dans Pavoine, sur un terrain qui vient de porter du blé, la terre est empoisonnée d& mauvaises herbes par ces deux récoltes de graine qui se suivent, et la récolte du trèâe est alors très casuelle. Cultivez le trèfle comme je vous le dit, et vous verrez la différence. Je suppose que votre trèfle aura été plâtré an printemps ; ensuite vous semez votre blé sur un seul îubour : vous aurez une récolte plus nette de mau- vaises herbes qu'il ne vous est possible d'obtenir sur votre versaine, et un produit en blé d'au moins de moitié en sus ; votre terre se souvient encore du fu- mier qu'elle a reçu ; d'ailleurs, il n'y a pas de meil- leure préparation pour le blé qu'un beau trèfle. Mais pour cela, il faut que le trèfle soit beau ; s'il est clair, si la mauvaise herbe y a pris racine, vous n'aurez, que du chétif blé. Le cousin. — En effet, j'ai remarqué que lorsque le trèfle n'est pas bien garni, le blé rue je semais après était fort médiocre. Benoit. — Maintenant, je suppose qu'après votre blé, vous fumiez encore bien votre terrain, pour y yilanler des ytatates, comme la première fois, ensuite de l'orge, du trèfle, du blé, en continuant de même tous les quatre ans ; croyez-vous que cette jiièce de terre pourrait se passer de faire des veisaines ? Le cousin. — De même, je le crois bien ; vous ne ménagez pas le fumier. Si je m'avisais de faire cet essai, il faudrait employer dans cette pièce de terre tout le fumier de l'année, et laisser le reste de mes t crises en friche. Benoit. — Ce n'est pas ainsi que je l'entends ; fui- tes pour vos autres pièces de terre ce que vous uvez }. LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. 25 fiit pour celle que vous auro?5 ainsi amendée. Di- visez toutes vos terres en quatre saisons, et suivez cet assolement, en amcnciint ehaque année, uno fKiison, avec la quantité de fumier suffisante. Le cousin. — Eli ! où diable prend rai-je les mon- tagnes do fumier qu'il me faudrait pour cela î lÎKXoiT. — Comment? vous avez tous les ans un quart de vos terres en patates, un quart en trèfle, c'est-à-dire, la moitié de vos terres en récoltes pro- pres à la nourriture des bestiaux, et vous seriez em- lurrassé de faire du fumier pour cela? Quand je n'aurais pas un pouce de pré, mais seulement cintj ou six arpents de luzerne jwur couper en vert, je voudrais, avec vos terres, faire plus de fumier qu'il n'en faut ))our amender ainsi. Le cou.sin. — Je con^;ois bien qu'avec ces récoltes «le trèfle et de pommes de terre, je pourrais nourrir beaucoup de bestiaux ; mais ces bestiaux, il faudrait les avoir ; et je n'ai ni de l'argent |)our les acbeler, ni d'étables pour les loger. Be.xoit. — Ail! pour le coup, vous avez mis le doigt sur le mot. Il ne f lut plus dire que vos terres ne peuvent pas se passer de versaines ; il faut dire que vous n'êtes pas assez riche pour les cultiver sans versaines. 11 est bien sûr que ce genre de culture «'xige plus d'avances, non seulement pour l'achat d'un plus grand nombre de bestiaux et pour la cons- truction des étables qui doivent les loger, m lis aussi à cause des frais considérables de la main-d'œuvre qu'exigent les récoltes sarclées, sans lesquelles la terre ne peut se passer de versaines. Le cousin. — Je vois bien que cela ne|Xîut conve- nir que dans les pays où les cultivateurs sont j)lu!< riches que chez nous. Jjknoit. — Dites plutôt dans les pays où les culti- vateurs savent mieux employer leur fortune que vous. L'3 mal est qtie vous avez trop de terres et que vous ne conservez pus assez d'argiMjt potir les bien cultiver. Dans ce jjuys-ci, je remarque (luo brsf^u'un homuio serait eu clat do bien cultiver trois *i ri Cl' !i 26 Î,A RICHESSE DU CULTIVATEUR. fciils nrpcnts Hg terre, il prend une ferme de milla nrpcnts: vous dites alors qu'il n'est pas assez riche pour cultiver sa ferme sans versaincs : moi je dis arti. On reste pauvre, et par conséquent les terres sont mal culti- vées. Vous remarquerez partout la justesse de co proverbe en usage en Allemagne : pauvre agricul- teur, pauvre agriculture. Vous voyez bien que la pauvreté du cultivateur n'est que relative, et qu'il ne doit jamais dire qu'il n'est pas assez riche pour cultiver ses terres ; il ji'cst question, pour établir l'équilibre, que de diuji- nuer lu quantité des terres qu'il cultive. Lf- coLSiN. — Je sens bien que si je vendais la moitié ou un quart de mes terres, j'our employer le j»rix a fichetcr des bestiaux, à construire des étables, à faire les avances d'une culture plus dispendieuse, le pourrais peut-être tirer plus de profit de chacun des arpents de terre qui me resteraient j mais, d'un autre côté, j'aurais moins de terres ; de sorte qu'au bout du compte, mon profit total n'en serait guèr;.: p'us considérable. ; ' liENoiT. — Vous croyez peut-être que cela se iKif- nerait à une fort légère augmentation sur le produit de chaque arpent de terre : pour voiis détromper, taisons le calcul approximatif de ce que vous rappor- tent aujourd'hui vos terres, et comparons-le à ce ce que vous pourriez en tirer, si vous suiviez l'asso- touîent de quatre ans que je viens vous indiquer, et qui est à peu près celui que j'ai suivi pendant vingt t'. lis. Tour évaluer ce que la terre rapporte dans un as- f^olement quelconque, il ne faut pas consiilérer une bai^ou en particulier ; il faut embrasser toutes les il la le uti LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. 27 isisons dont se compose l'assolement. Ainsi, avec votre assolement de trois ans, il iant calculer qtiols sont les frais qu'exigent trois arpents de terre, l'un (il blé, l'autre en avoine, et l'autre en versaines ; il Ijut calculer ensuite le j)roduit que nous rendent eu masse ces trois arpents de terre, année commune, en déduisant les frais de ce produit brut, vous au- rez le j)roduit net de ces trois arpents de terre. Kn en prenant le tiers, vous saurez ce que vous rapports de \noi\i l'arpent de terre, dans cet assolement. Ks- sayons de faire ce calcul. Comme vous ne tenez pas de comptabilité régulière, nous ne pouvons avoir ici que des données aj)proximatives ; maisl'habitudu (juej'aide celte comptabilité, elles observations ijue j'ai faites chez vous depuis plusieurs années, me donnent la certitude de m'élojguer très peu do la vérité. La rente de vos trois arpents de terre à 6 fr. . . . 1!:? Ces trois arpents de terre ref;oivent ordinaire- ment quatre labours, trois pour la Verlaine et un ]^'d Ivcstera net 14 Voilà le produit de trois arpents de terre ; ainsi cliutiiie arpciit vous donne par an à jHni-jréb un pro- duit lin ticis de cette somme c'est-à-diie environ 4« ir. Gf) centimes (1). Jl y a beaucKi.'p de frais qui devraient entrer dnn.s ce compte, je les sujipuse cuiiverls par lu valeur do ia paille. ' 5 il' {\) Il «n iaut 100 pour l'aiis 1 îi\ (JU wjt.) ^ I » ^^ 28 I^A RICHESSE DV CULTIVATEUR. Maintenant supjwsons que vous adoptiez un asso* lemcnt de quatre ans, vos frais pour quatre arpent . de terre seraient à-peu-près comme suit: J^ rente de quatre arpents de terre à 6 f r 24 Cinq lalx)urs, dont deux |>our les patates, deux j)our l'avoine et un pour le blé semé sur le trèfle 25 J-'rais pour planter, cultiver et arracher un ar- jHînt de patates oO Frais de récolte du trèfle G ïctal des frais So Le produit de ces quatre arpents de terre sera probablement ainsi qu'il suit : ('incjuantc sa3s de patates à 1 fr. 50 centimes.. 7r> 'J'rois résaux d'avoine à 8 fr 24* DcJix mille livres de trèfle à 20 fr 4-0 Trois résaux de blé à 18 fr T)* Total 193 En déduisant les frais 85 Restera un profit net de 102 Ce qui fait 27 fr. par arpent, au lieu de 4 fr. bO cent, que vous tirez actuellement. Vous voyez donc bien l'avantage qu'il y a de ré- duire vos terres à moitié, et qu'étant bien cultivées, vous aurez un j»rofit bien au-delà du double. Dans fîc compte, je n'ai point parlé du fumier; j'ai jxinse que vous le preniez chez vous. JiK COUSIN. — J'ai bien compris votre compte, tout comme je comprends bien que votre état de culture pcrfecliomiée sont les patates et le trèfle. Cepen- dant, selon vous, je les dois faire consommer ]>ar mes bestiaux ; je ne dois donc pos compter sur co produit |x)ur faire de l'argent comme sur le blé que je couduij au murché. lîKNoiT. — Voilà précisément le vice de raisonne- ment le plus pernicieux pour un cultivateur. Les LA RICHESSE T)V CULTIVATEUR. 2î) produits destinés à la nourriture des bestiaux n'ap- }>ortent pas directement de l'argent comme les den- rées que l'on porte au marché; mais ils en rappor- tent avec autant do certitude ; en efTot, le lait, le beurre, le fromage, la laine, le lard, la viande grasse, sont d'une vente aussi assurée que les grains. Au prix des patates et du réfle, il faudrait être bien maladroit f)our ne pas en tirer l'équivalent en pro- di'its des animaux qu'ils auront nourris, et vous au- rez de plus tout le fumier que vous ferez, aveo ces animaux. Dans toute culture bien entendue, on doit faira consommer par des animaux, dans la ferme, la plu» grande partie du produit des terres ; cette partie pro- duit de deux manières, en argent et en fumier ; au lieu que les récoltes que vous portez au marché in? vous rapporte que de l'argent, et sont perdues pour ramendemenl de vos terres. Point de bestiaux, jx)int de bonne culture j et la pauvreté augmente. Lk cousin. — Votre avis est donc que je vend» quelques unes de mes terres pour acheter des bes- tiaux, et fournir aux avances de culture de celles qui me resteraient! Ma femme qui tient à la terre n'entendra jamais cela. Benoit.— Par ce moyen, vous pourriez entretenir «ne culture bien plus riche, et en tirer un profit trois ou quatre fois plus considérable que celui que vous en lirez aujourd'hui. Quant à votre femme, laissez- la donc s'amuser à sa toilette ou à écouter ses amis ; b'\ vous l'écoutez relativement aux travaux des champs, elle vous conduira à la misère avec vos grands biens mal cultivés. Le COUSIN. — Nos terres sont trop fortes pour y cultiver la patate. On ne pourrait donc pas y appli- quer votre méthode. Benoit. — Si les terres sont trop fortes pour les pa- tates, n'avez-vous pas les lietteraves, les rutabagas, les choux de diverses espèces, les févcrolcs, ou fè- ves de marais, si bonnes pour la nourriture des bes- tiaux, Sfc. 1 si vous faites bien ces récoltes, elles rem- ' I i il'. V i: 1 I ! N \'' I' so LA RICHESSE DU CULTIVATEUR, placeront bien les patates ; le sain foin, la liipulinc^ les vesces, le rui-grass et plusieurs autres plantes î fourrage, prennent la place du trèfle dans le terrain qui ne lui convient pas. Chaque cultivateur doit choisir les récoltes qui conviennent le mieux à son terrain ; de manière à toujours avoir une très grande partie de ses récoltes destinée à la nourriture abondante de ses bestiaux ; c'est l'âme de la culture. Pour régler son assole- ment, il doit avoir égard à la faculté plus ou moins épuisante de chaque récolte, pour ne pas mettre à la suittt l'une do l'autre, plusieurs récoltes épuisan- tes. Principes généraux dont on ne doit jamais s'^écarter dans un assolement choisi. 1°. Ne jamais placer deux récoltes de grains im- médiatement l'une après l'autre ; rien ne salit plus la terre de mauvaises herbes et ne l'épuisé d'avan- tage. '2*^. Ne jamais semer les prairies artificielles, sa- voir : le trèfle, le sain foin, la luzerne, etc., que sur la récolte de grain qui vient immédiatement après la récolte sarclée ou fumée, S''. Revenir aux récoltes sarclées aussi souvent qu'il est nécessaire pour tenir le terrain bien net de mauvaises herbes. 4'^. Cultiver toujours moitié environ de terre en plantes destinées à la nourriture des bestiaux, et les faire consommer dans la ferme et non ailleurs. En suivant ces principes, ne craignez pas de sup- primer la versaine, dans quelque terre que ce soit. Si vous ne pouvez jins, ou si vous ne voulez pas régler vos cultures, conservez la versaine, et vous contentez d'un chétif profit ; si vous supprimez la versaine sans adopter un mode de culture convena- ble, vous ruinerez vos terres, au lieu d'en tirer du profit. Le cousin. — Je vois bien que la culture des pata- tes est très-avantageuses; mais elle coûte cher. LA RICHESSE DU CULTIVATEUK. 31 HOUE A CHEVAL. Quant aux frais de culture pour les patate», ils sont très considérables ; mais on les peut diminuer en faisant donner les mêmes cultures et le butagc, au moyen d'un instrument conduit pur un cheval. J'ai été au Brunswick pour en avoir un. Pour se servir de cet instrument les patates doi- vent être plantées en lignes droite ; ce que l'on fuit facilement en les plantant à la charrue. Lorsque les patates commencent à sortir de terre, on passe fortement une herse à dents de fer pesante sur tou- tes la surface du champ pour détruire toutes les mauvaises herbes qui commencent à germer. Cette opération ne fait aucun tort aux patates. Lorsqu» les plantes ont cinq à six pouces de hauteur, on passe la houe à cheval entre les lignes, culture bien pré- férable à celle qu'on pourrait donner à la main. Quelque temps après, on recommence cette opéra- tion ; enfin on bute les jetâtes, au moyen d'un soc garni de deux aîles, qu'un adopte au même instru- ment. Il ne fant ensuite que très peu de journées pour détruire les mauvaises herbes que l'instrument n'a pu atteindre. Ce aiode de culture est très économi- que, puisqu'on cultive près de six arpents par jour. Par ce moyen, les frais de cultures pour les patatej se trouvent diminués de plus de moitié ; ce qui donne encore la facilité de faire ces travaux dann un temps plus convenable. C'est de la plus haute importance pour les récoltes sarclées. Le cousin. — Cet instrument est fort économique ; il doit aussi convenir à la culture des betteraves dont vous faites tant de cas pour la nourriture des va- ches et l'engraissement des bœufs. Benoit. — Cet instrument convient parfaitement pour la culture de toutes les récoltes qui peuvent so planter ou semer en ligne. C'est ainsi que je l'ai pratiqué pour mes betteraves, mes choux, haricots. M ii I i ^ : < i;. \ 82 tA RICHESSE DU CULTIVATKUR. et amtout mes féveroles que je mettais très souvent dans les terres fortes comme récoltes sarclées. En ne laissant point croître de mauvaises herb^^s avec cette plante, on retire toujours au-delà du dou- ble de celle semée i la volée. Cette plante épuisant la terre beaucoup moins que la patate, est une des meilleures préparations pour une récolte de grains. Lk cotsifc. — Pensez vous que la houe à cheval réussirait aussi bien dans nos terres î Bknoit. — Pourquoi pas ? Vos terres sont-elles dif- férentes de tout le reste du monde. Chaque fois que Ton parle k certains cultivateurs de procédés ou mé- thodes qui sont en usage dans d'uutes pays, leurs réponses sont toujours prêtes : la diflérence des ter- res, la différence des climats; voilà leurs raisons suftisantes |X)ur ne rien essayer de choses les plus uti- les qui se font à quarante ou cinquante lieues d'eux. Parcourez toute l'Europe, et partout vous trouve- rez des terres semblables. On peut donc pratiquer ici les méthodes qui sont avantageuse ailleurs, il lï'y a que l'inertie qui s'y oppose. Je conçois bien qu'on ne pourrait pas adopter ici les méthodes d'Af- frique ou autres pays brûlants ; mais je parles de pays d'à-peu-près même température, même climat. Il est honteux de repousser une méthode, parce- qu'elle vient de cinquante ou cent lieues de che>î vous, quand le climat est à-pou-près semblable au nôtre. Ce prétexte ne peut avoir de ressource que duius la paresse et l'insouciance. La houe à cheval peut servir pour tous les ter- rains, sans exceptions, mêmes dans les terres argi- leuses qui ont été bien ameublies pour les récoltes sarclées ; dans un sol pierreux si les pierres na sont j)as trop grosses. NOURRITURE DES CHEVAUX A LA PATURE. Un objet de dépense considérable, dit Benoit, c'est l'usage où sont les cultivateurs qui ne se ren- dent aucun compte, de nourrir leurs nombreux che- vaux à la pâture. \ lÀ RICHESSE DU CULTIVATEUR. 33 ter- irgi- lollcs isout IRK. Inoit» ft'M- IcUc- ÏjB cousin. — La pâture ! nous la regardons comme \a plus grande économie que nous puissions faire : •que ferions-nous s'il nous fallait nourrir nos clie- Vaux â Uécutie toift l'été t Pour cela. L'attelée est plus longae, ïiyjEtis ils font au-delà d'un tiers plus d'ouvrage lorsqu'ils sont nourris au râtelier. Le cousin. — C'est vrai ; quand nos chevaux vont «n pâture, on no les attèle que six ou sept lieures par jour, au lieu de dix ; ils ne font environ que les deux tiers d'une journée, quand ils "sont en pâture, Benoit. — S'il y a un tiers do diminution sur le travail, il faut donc augmenter le nomi*re des clie- X-aux d'un tiers de ;pliTS, dans la belle saison des forts travaux. Le fermier dont nous venons de par- ler ferait ses travaux avec quarante chevaux, s'il ne les mettait pas en pâture. Il en est de môme de tous ses autres animaux^ s'il les nourrissait à l'écu- rie, il économiserait l'entretien de vingt chevaux ^pendant toute l'année ; parce qu'il nourrit, l'hiver, les chevaux qu'il a de trop pendant l'été. D'un au- tre côté, les chevaux qui ne restent pas à l'écurie r l!' 34 LA KICHESSE DU CULTIVATErR, ne font presque point de fumier ; cependant, après ]e travail, le fumier est le seul profit qu'on retire des chevaux. Récapitulation de ce que coûte à ce fermier la nourri' ture de ses chevaux en pâture. I"^ Frais de vingt chevaux de trop pendant toute ]*annéc ; 2" la moitié de tout son fumier qui est perdu ; 3*^ tout le regain qu'il ])0urrait faire sur ses meilleurs prés ; 4® le produit des quarante fauchées qu'il fait pâturer au printemps. Calculez bien tout cela ; et si vous connaissez la valeur du fumier, vous; conviendrez que cette nourriture à la pâture lui coû- te dix à douze mille francs. S''l nourrissait ses che- vaux à l'écurie, quarante fen^icnt tout sou ouvrage,, parce qu'ils emploiraient tout leur temps au travail. Quarante on cinquante arpents semés en luzerne, en trèfle, en vesces, etc., les nourriraient depuis le mois de mai jusqu'à l'entrée de l'hiver, beaucoup mieux qu'ils ne seraient en pâture. Tous frais dé- duits, ces terres seraient amplement compensées par la récolte des qua/pnte fauchées de prés qui ne se- raient plus nécessaires pour le pâturage du printems ; tout le reste des frais et pertes qu'entraîne la pâture serait enfin bénifice. Il faucherait son regain, il épargnerait la nourriture d'hiver de vingt chevaux, et il fergit beaucoup pins de fumier avec quarante chevaux qu'il n'en faisait avec soixante ; et le plus souvent le pâturage empêche les animaux de mour- rir de faim ; il les faut soigner et entamer la provi- sion d'hiver ou se décider à laisser mourir ses bêtes. Dans tons les pays que j'ai visités et où l'agricul- ture est perfectionnée, on nourrit les animaux au râtelier. On y trouve beaucoup de bétail de rente, et peu d'attelage ; on y trouve de belles récoltes, par conséquent la richesse chez les habitants des cam- pagnes, parce que l'on y fait beaucoup de fumier. On vient de voir que le fermier Bêchant pourrait diminuer d'un tiers le nombre de ses chevaux, ea ! ' I Ih LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. 35 les nourrissant à l'écurie, même en continuant so servir de sa charrue à six chevaux, s'il rcnon(^;ut à sa vaine pâture ainsi qu'à sa charrue, s'il en prenait une qui pût travailler avec deux, trois ou quatre pour Jes labours difliciles, avec vingt ou vingt-quatre bê- tes au plus, son attelage serait bien jjIus Ibrt qu'il ne l'est actuellement avec soixante, llemarqucz la diiierence qu'il y aurait, trente-cinq chevaux et iix garçons de moins. Ainsi, voulez-vous avancer? Vous avez dix chevaux, échangez-en cinq ou six contre des vaches ; semez de la luzerne, du trèilo ou des vesces pour faucher en vert ; au lieu d'une grosse charrue à avant-train, n'ayez qu'une charrue simple et de peu d'entretien. Vous pouvez faire tout cela l'année prochaine, et vous tri])lerez vos reve- nus. C'est au moyen de cette pratique que j'ai fait ina petite fortune ; ces principes sont applicables i tous les pays, à peu de choses près. Le cousin. — Vous m'offrez matière à la réflexion ; mais comme il est commode d'envoyer ses bestiaux aux cham|>s et de ne plus s'en embarrasser ! Aller chercher du fourrage tous les jours, le faucher d'a- bord, le donner aux bêtes, nettoyer l'écurie trois fois plus souvent, sans compter l'ouvrage })our faire venir cette nourriture, c'est à n'y pas songer. Benoit. — Voilà les véritables causes qui entre- tiennent le détestable usage. Je ne parle que de l'homme laborieux, actif, qui ne craint pas l'ouvra- ge : le paresseux et l'insouciant ne valent pas la peine qu'on s'en occupe. La vainc pâture, la mi- sère, voilà leurs lots de choix. Il n'y a pas d'aug- mentation de dépense: le garçon qui garde vos chevaux douze ou quinze heures par jour j)ourrait faire tout cela ; il éviterait par là l'école de la fai- néantise. Dans une heure un cheval peut amener la nourriture de douze ou quinze bêtes. Le cousjn. — Si vous condamnez la pâture pour les bêtes de travail, il n'en sera pas de môme pour 3* Ci Ml: 1^ M f.l h;! K , i 36 LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. les vaches ; pour celles-ci on n'a pas à craindre licî l)erdro leur temps ou leur travuil» NOURRITURE DES VACHES A LA PATURE. Benoit. — Le pâturage pour les vaches est tout nussi ruineux que ]H)iir les cbcvalix. Que deman- dez-vous à vos Vaches t du lait, du fumier : vous perdrez autant sur le lait en les envoyant en pâture que sur le travail de vos chevaux : en nourrissant Vos vaches au râtelier, une donnera plus de lait quo deux en pâturage ; de plus, la perte du fumier dont l'alisence est considôrùe par tous bons cultivateurs comme une grÊle sur les récoltes des années suivan* tes. D'ailleurs, si vous voulez vous défaire d'une vieil* le vache ou mauvaise laitière, vous en aurez tou* jours un bon prix, lorsqu'elle est en bon état ; si elle est maigre, il vous faut presque la donner. Je ]tarle ici d'une vache qui a été bien nourrie, et non pas d'une vache maigre, décharnée, ne pouvant Be lever seule, parce qu'elle aura été en pacage, hi* vcrnée à la paille, sans soins ; je parle d'une vache demi grasse qui ne fera point honte au boucher qui la tue. Vos vaches bien nourries au râtelier vous donne- ront plus du double de lait« du fumier et de qualité bien supérieure ; une voiture de fumier d'animaux gras en vaut au moins deux d'animaux maigres. Au moyen de la nourriture en vert au râtelier, vous en* trctiendrez constamment vos vaches grasses. Pour obtenir ces avantages, évitez la paresse, mais n'épargnez pas vos soinsi Tout le monde convient que la vaine pâture est le fléau de l'agriculture, la source d'une foule de dé- gâts qui empêchent le propriétaire de cultiver sur ses champs la récolte qui lui serait la plus avantageuse ; elle n'est point utile aux bestiaux que l'on peut en- tretenir d'une manière plus profitable et plus écono- mique. LA RICHKSSK DU CULTIVATEUR. 37 'esse, Le cousin. — Je suis convaincu de la vérité et iliî la bonté ilc votre méthode. Un parent de ma Ibr.i- mo qui demeure à douze lieues (l^ici m^apprend (}U0 Uans sa commune, tous les habitants ont ahandoiuiè la vaine pâture. Ku sorte que le pauvre cultive son petit champ en pleine campagne, sans craindre I09 dégâts des animaux aflUmés et mourant de fuim eu pâUirage. On loue avec plaisir i celui qui n'a point lie terrain, parce que Ton est sur qu'il amontlera bien le terrain qu'il aura loué. Ce parent me disait nussi que le nombre de bestiaux s'était considéra- blement augmenté; qu'en conséquence les habi- tants étaient bien plus riches ; qu'ils n'entretenaient de chevaux que pour le juste besoin de leurs terres. Benoit.— 'Je n'en suis pas étonné, c'est de mémo dans tous les cantons où cette excellente mcthodu est mise en usage. Le cousin.— Comment est-il possible que des va- ches se portent bien étant renfermée toute l'annéa dans l'étable ? Benoit.— t-Ert Belgique et dans plusieurs autrc^j pays, on ne les fait pas môme sortir pour boire; ce- pendant, ils ont de très belles vaches, ])ien portan- tes. Elles ne sortent que pour aller au taureau ; mais les étables sont vastes, bien aérées ; sans cela les bêtes seraient bientôt malades. Cependant l'cxerciee leur est nécessaire ; aussi, au lieu de fairo boire mes vaches à une fontaine près de chez moi, je les çnvoyais à environ un demie quart de lieiio deux fois par jour ; de sorte qu'elles restaient cha- que fois environs une demi-heure. Ijj: cousin. — Si l'on renonçait à la vaine pâture il on résulterait de grands avantages ]x>in la cuUnro des terres, en facilitant beaucoup l'adoption des meilleurs assolement ; mais il restera toujours une. grande difficulté, c'est l'entretien des bêtes à laine. Tour cel'.es-ci, vous ne ])rétendez pas sans doute les fiOinri^ toute runuùe à lu. bergerie. m n i ■ V, If. s / î ■ I t ' II • ■! i l I tii m V ii; 28 LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. VAINE PATURE POUR LES M0UT0N9. Benoit.— Cette espèce d'animaux a plus bcsoiil d'exercice que les autres bétes à cornes. Cependant en Allemajinc on ne sort presque jamais les mou- tons ; mais on leur fait de grandes cours. Nourrir les moutons à la vainc pâture, serait un grand mal- heur, pour en retirer un bien mince avantage. Le cousin. — Les personnes qui ont de grands troupeaux de bêtes blanche disent cependant qu'ils procurent d'assez bons bénéfices. Benoit. — C'est très-vrai. Mais les moutons détrui- sent le pâturage sans en tirer de profit. Le coustn. — Les moutons ne gâtent rien, puis- qu'ils n'entrent au pâturage qu'après les récoltes enlevées. Benoit — La pâture des moutons est beaucoup plus liuisible que celle des chevaux. Je vais vous en don- ner ime exemple. La commune dans laquelle j'ai servi pendant plusieurs années, en Flandre, com- prend environ cinq mille jours de terre, mesure do ce pays-ci, très-peu de prés, comme c'est l'ordi- naire dans ce canton. Ces terres sont très-bien cul- tivées et produisent beaucoup; outre le regain et lo trèfle, le lin et le colza (espèce de choux sauvage) s'y cultivent en grande quantité ; ou n'y connaît pas même les mots de versaines. Chaque jour do terre produit quarante francs nets, ce qui fait pour la commune environ deux cents mille francs. Met- tez dans cette commune un troupeau de cinq cents moutons, pour y être nourris à la vaine pâture. Pour les y entretenir il faudrait changer le système de culture et renoncer aux prairies artificielles pour con- server les versaines, ce qui donnerait un profit do quatre ou cinq francs nets par chaque jour de terre. En admettant qu'ils aient une bonne charrue et portent le revenu de chaque jour de terre à dix francs, le revenu se trouvera réduit à cinquante mille francs au lieu de deux cents mille. D'un au- tre côté, que chaque tête de mouton donne trois Là richesse du cultivateur. S9 3'ai pour Met- cents , Pour lue de lir con- (fit de terre, •uc et à dix hnanle 111 au- trois francs de profit net, nourris à la vaine pâture, le profit ne se montera qu'à quinze cents francs. Si le propriétaire aime à se contenter de peu, ce sera pour lui un grand sacrifice de renoncer à la vaine pâture, s'il n'aime pas à travailler. Le cousin. — Tout cela est bon dans les pays où la culture est perfectionnée ; mais où la pâture est en usage, il ne me paraît pas probable qu'elle di- minue le profit. Benoit, — Tout le raisonnement que j'ai fait s'ap- plique aux cantons où les terres rapportent quatre ou cinq francs par jour de terre, où la vaine pâture a tout détruit. En supprimant les versaines, je ne prétends pas que les terres soient portées à tous leuit.< produits possibles, il faudra du temps ; ce n'est pas une raison de s'opposer à toute amélioration. Des hommes plus industrieux que les autres profiteront de la facilité qu'il leur sera accordée, et peu à peu •on imitera leur exemple. Si la vaine pâture était. supprimée dans ce pays-ci, avant deux ans on sè- merait en prairies artificielles, au moins une cin- quantaine de jours de plus qu'on ne l'a fuit jusqu'ici. Ces cinquante jours seuls produiraient plus de profit que le troupeau de moutons qui dévaste tout. Le cousin. — Avec ce système nous n'aurons bien- tôt plus de laine pour nous habiller, ou bien les ma- nufactures seraient forcées de faire tout leur appro- visionnement à l'étranger. Benoit — Quand cela serait vrai, ce ne serait pas un motif pour vous obstiner à produire des laines, qui vous occasionneraient une perle cent fois plus considérable que leur propre valeur; je suis con- vaincu, au contraire, que par la suppression de hi vaine pâture, on augmenterait beaucoup la produc- tion de la laine. La vaine pâture qui lournirait aux moutons une chétive nourriture pendant l'été, les condamne à une nourriture aussi misérable pendant l'hiver, i)arcequ'elle empêche les récoltes qui leur £)rocurerait une provision abondante pour cette ' \ !i i W i' il 40 LA RICHESSE DU CULTIVATEUR. saison ; les bètes à laines étant ainsi entrctcnne»^ ne peuvent exister qu'en petit nombre et mal nour- ries. On peut très-bien nourrir les moutons en four- rages secs, en racine, &c., et même pour l'été oii peut cultiver des récoltes qwi forment un supplé- ment à la pâture, dans les cas où les terrains qu'on veut y consacrer, ne seraient pas suffisant pour les nourrir, ce que l'on peut faire avec des récoltes ver- tes comme p€>ur les vaches, en y disant attention. On ne peut se procurer des laines fines qu'"en nour- rissant les moutons- à la bergerie. C'est la pratique en France ot dans tout autre pays où on fabrique des laines fines. Partotit où un troupeau de moutons est entretenu par la vainc pâture, il y est plus fu- neste que la grêle ou un régiment de Cosaques. . FIN DES SECRETS DE JEAN-NICOLAS BENOIT. Il -i \. il. lltl 'il PRECIS D'AGRICULTURE PRATIQUE ET RAISONNEE, COMPILÉ DU TRAITÉ D*AGR1CULTURB DE 31. JOHN SAIIVCLAIR^ Fondateur du Bureau d''Jgykulture Britunm(/tt€, Par Godfroy CBAGrNON, Notaire* de L^AssomptioBr MEMBRE DE LA CHAMBRE DES NOTAIRES DU DISTRICT DE MONTRÉAL, SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ D'i GRife- CULTURE DU COMTÉ DTE LELNSTER. INTRODUCTION ET PLAN DE L^UVRAGE. L'Agriculture ou l'art d'améliorer la terre, était nutrefbis enveloppée de doutes et de mystères. On suivait généralement les usages de ses ancêtres, sans savoir pourquoi i ceux qui voulaient expliquer les principes de l'art entendaient mal la théorie ; on ignorait la pratique. Mais on a simplifié les princi- jics de l'art, au point de pouvoir établir un Codo d'Agriculture avantageux. Après un rigoureux cxa- Dicn des divers sujets liés à l'Agriculture, avoir vi- sité les exploitations des meilleurs cultivaterirs, leurs systèmes dans différentes contrées, Mr. Sin- clair, cultivateur célèbre, divisa ainsi son ouvrage. 1 ^ . Considérer les points préliminaires, avaiit d'entreprendre l'exploitation d'une étentlue de terre quelconque, comme le cli-mat } — le sol ; — le sous- i ■ f ; I i\ (^ li't Il 1 i 'Nl- J , 42 PRÉCIS D'AGRICULTURE- sol ; — l'élévation ; — l'aspect ; — la situation ; — l'é« tendue ; — le mode de jouissance, soit en propriété, soit par bail ; la rente ; les autres charges qui doi- vent peser sur l'exploitation. 2®. Prr chercher les moyens les plus cssentielâ d'assurer les succès du cultivateur ; — particulière- ment le capital ; la comptabilité ; — les arrange- ments actifs à l'amélioration des travaux agricoles ; les domestiques, les manœuvriers, le bétail, les ins- truments d'Agriculture, les bâtiments d'exploitation, la disposition de l'eau, la division des champs, les chemins de ferme. 3®. Indiquer les différentes manières d'amélio- rer le sol, pur la mise en culture des terrains fri- ches, les clôtures, le dessèchement, l'application des engrais, l'écobuage, les jachères, la distribution des mauvaises herbes, l'irrigation, la submersion, le limonagc, l'emplois des digues. 4 ® . Exposer les diflerentes manières d'exploiter le sol, en terres arables, en prairies, en jardins et ver- gers, en bois et plantations. 5^. Présenter quelques remarques générales, sur les moyens d'améliorer une contrée en ré- pandant d'utiles informations , en écartant les obs- tncles aux améliorations, par des encouragements l)Ositife. il?» \ UAGRICULTURIE PRATIQUE ET RAISONNEE. CHAPITRE rREMIEPw. Points préliminaires que doit considérer un Cultiva- teur, avant d- entreprendre, avec prudence, ^exploita' tion d'aune étendue de terre quelconque. Quoiqu'elle puisse se réduire à des principes sim- ples, l'Agriculture exige peu-ôtro une plus grande Variété de connaissances que quciqu'autrc art que ce soit. Marshall, Economie Rurale, dit : non seule- ment c'est l'art le pins important et le plus difficile de tous les arts économiques, mais aussi de tous les arts et de toutes les scianccs qui sont dans le do- maine de l'homme. Le cultivateur intelligent doit d'abord examiner les points ci-dessus, avant toute entreprise d'exploi- tation. § 1er. — LE CLIMAT. rwéguliôrement, les cullivatenrs n'apportent pns nssez d'attention à la nature du climat sous lequel ils ont a opérer, voici les points importants que l'on doit examiner dans le climat d'une conirée : son ca- ractère général, les moyens de l'améliorer, la cha- leur, l'extensité de la lumière, la quantité d'humi- dité, les vents dominants, la position maritime ou intérieure, la régularité des saisons, les phénomènes auxquels il est sujet, les dépenses qu'il occasionnera dans la culture, l'introduction des plantes on dos animaux d'un autre climat, tenir des notes de ses variations. 1. Caratère Général. II no dépend pas seulement de la latitude, mais aussi de l'élévation d'un pays au-dessus de la mer, de son aspect, du voisinage des montagnes, des io- 'f( 44 PRÉCIS D'AGRÎCULTrRT:. rets, des marais, et autres causes qui font ce quo l'on peut ajfpcler le caractère général d'un climat. Un canton couvert de bois est plus humide, co qui fait qu'il y a de plus grandes variations entro les points extrêmes de la chaleur et du froid. Le» étés sont plus chauds, mais les hivers sont plus froids. On doit faire disparaître les tourbes froides dans les terrains marécageux à cause de leurs exhalai- sons qui endommagent les végétaux. Le dessèche- ment et la culture ou détruisent ou diminuent ces pernicieux effets. On améliore le Climat d'un pays en abattant do grandes forêts, desséchant les marais et en culti- vant ensuite. Ces opérations ont l'effet de régula- yiscr l'humidité, diminuer le froid, d'y accumuler la chaleur. 2. La. Chaleur.' La chaleur est essentielle pour amener à leur per- fection toutes les plantes, les fruits, toute espèce do grains. C'est pourquoi l'orge anglais a plus de va- leur, à poids égal, que l'orge d'Ecosse, parce qu'il croit sous un climat plus chaud, où il jouit d'une plus grande quantité de lumière, et mûrit plus par- faitement. Le froment mûri sous un climat plus ré-» gulier et plus chaud, contient plus de gluten, que lu même espèce de grain cultivée en Angleterre, où les saisons sont si variables. 3, La Lumière, La qupiitité de lumière solaire est un sujet de re- chcr-;ho d'une égale importance. Une plante peut croîtra dans une mine, dans une cave, mais elle est sans valeur ; placez-la dans un lieu obscur, vous la verrez toujours s'incliner vers l'ouverture y intro» duisant la lumière. L'obscurité produit l'alongo- ment des plantes, eu leur conservant de la mollesse, la lumière au contraire, modère leur croissance, eu favorisant la nutrition. \ f UÈCIS D'AGRICULTURE. 45 I ' 4. L'HuMiDiTiS, Sans l'humidité, sans l'eau qui forme une partie considérable de toul végétal qu'elle nourrit, h l'étal de dissolution, toutes les planles {Périraient ou se* raient arrêtées dans leur croissance sans cet agent essentiel. Si une averse de pluie tombe dans un lemps de slècheresse, dès lors vous voyez une rapide croissance dans toutes espèces d'herbages, ainsi que ■dans les céréales. Les grains et les pommes de terre ou patates, C>puiscnt moins le sol dans ] on se contente de le cultiver avec l'extirpateur, 'Ce qui est préférable. 4 ® . La tourbe. ^Substance d'origine entièrement végétable, différent du terreau en Ce qu'il provient de substances plus divisées. Comme des feuilles d'ar- bres, et autres matières terreuses, au lieu que la tourbe est composée de plantes aquatiques, très im^ parfaitement décomposées parce qu'elles sont pres- que toujours couvertes d'eau stagnantes. Ce ter- rain doit aussi être labouré en automne et au prin- temps. Les récoltes qui conviennent à la tourbe, sont, l'avoine, le seigle, les fèves, les patates, les carottes, le colza, le trèfle rouge et blanc. On doit dessécher les marais autant qu'il est possible avant d'en entreprendre la culture^ »: '^ TnÉCIS DUGRICULTURK, 49 ft^, Soîs craWux. Ils consistent surtout en niii- *i:iéro calcaire, mêlée avec plusieurs autres substan- ves. S'il s'y trouve do l'urgile en quantité consklcni- ble, la terre est consistante et productive ; c'est \r eojitrairo quand le sable ou le jijravicf y abonde. Les récoltes convenables, sont les jiois, navels, l'orge, 1( trèfle et le froment. Ce sol s'améliore au moyen de loams argileux ou sablonneux, ou marne argileuse ; s'il n'est point pro- fond, on y cm[)loie de la tourbe ou du limon. G ^ . Sols rPallnnon. Jls sont formés par les dépôts de la mer, des rivières ou des ruisseaux ; composés des parties les plus fines de l'argile, enricliies dp vroductions maritimes. Ces terrains semblables aii\ terreaux, sont piopres à toutes espèces de récoltes, même les plus précieuses. 7 ^ . Les loaifis. On désigne sinis ce nom, le sol i\\\i n'a qu'une cobésion modérée, moins consistant que l'argile ; mais plus que le sable. Ces sols faciles i cultiver, sont iwoductifs en tous genres de culture, et aux prairies. Les loams sont ainsi divisés : 1 ^ sablonneux, 2 ® graveleux, 3 ^ argileux, 4® calcai- res, 5° tombeux,6o ceux connus sxjus le nom de couleur de noisettes. 1 ° . Un sol sablonneux se distingue facilement d'un loam sablonneux, le sol sablonneux est toujoiir*; meuble, jMilvérisant ; \e loam sablonneux, au con- traire, contracte mie adhésion par l'humidité ou la sécheresse, ne s'anieublit pas instantanément, par- «e qu'il contient beaucoup d'argile. Le loam sa- blonneux bien ameubli, est le plus productif do tous les sols. 2 ® . Le loam graveleux, chaud, bien égouttc, est de bonne qualité dans les climats humides. 3 ® . Le loam argileux, pauvre et froid de sa nu- lure, bien soigné et bien engraissé selon la méthode ti'Essex, produit d'abondantes récoltas 4 ® . Les loams calcaires, reposant sur la craie, sont propres pour le sain foin. 5 ® . Par reflet de la culture, plusieurs variété* de 4 ^1 s . r>o PRÉCIS D'AGIU CULTURE. fourbes peuvent se cotivcrlir en une cspèco de loam» noirs, Irès-Cortiles et très-pruiliiclift. () ®. Lrû- nâtrc, est considéré connue très-lortile. i ' 1 ! I i: i 11 Articles particulikrs rflatifs a mPFf.RENTKS er- Pi:ct>; in: «ou 1^. S'assurer de leur composition, 2 ° h\ ntitnr« do l'humus, .'i ^ leur couleur, -l- ^ les iivantaj^cs de cultiver ut) bon sol, .') ^ nécossilé irontrctenir leur lertili'ié, G ® moyens généraux de les îiméliorer. 1°. Pour connaître la composition du sol, il le faut comparer avec le sol le plus fertile du voisinage. Le faraud objet est de coi>server immî tjua utile sulli- sante d'humidité pour nourrir les végétaux qui y croissent, et de se débutrasser d'une quantité d'hu- midité suralx)inlante et nuisible. 2®. L'humus provient de la décomposition des racines tles plantes dans les prairies, des étoubles, ».'t des racines do grains dans les terres arables. 3 ^ . On rencontre des sols de diverses couleurs. Les principales sont le blanc, le noir et le rouge. 4< ° . Les argiles blanches tenaces, ordinairement trés-bumides, s'échanilent diliicilemont, et ne con- servent leur chaleur que pendant trés-jjeu de temps. 5 ° . Lcsol noir contenant plus de matières végéta- les, s'échanlle très-iacilement par le soleil et l'air ; mais il perd sa chaleur plus rapidement à l'ond)re. La couleur ronge de la terre est due au fer, favora- ble ou contraire à la végétation, selon la combinai- son qui s'y trouve. C'est une maxime en agriculture, do dn*e : le sol, airisi que le bétail doit toujours être entretenu dans un bon état, sans souffrir de diminu- tion. () ^ . Il y a plusieurs manières d'améliorer le sol ; le sol aride par la chaux, la marne calcaire, ou de la craie, si ce sol contient des sels ferrugineux ; s'il coutieut de la craiC; par lo isable, l'argile ou autres > rRi';ris D'A(îUirrr/nTRK. 51 s ; s'il autres imatièi'os terreuses; si le sa])lc y durnine, pur Tar- jihî, la runriio on tuitres suhstunces végétales. Les engrais sjin)[)léc'iit à tous, lor.s(|u'ils sont bien tij)pli(iut's. § IJI. LK sors-soL. Viir sons-sol, on entend lu couche do terre qui suit iniinédiiitcnieiit le sol. Lo cultivateur doit bien examiner la nature do Tun et de l'autro ; souvent ils contiennent des subs- tancM^s assez semblables. On tire parti du sous-sol en améliorant le sol s'il est propre à corriger sis tluliiuts. Les sons-sols sont: propres à retenir Peau, on perméabU's, ou être à traversés par l'euu. Ceux «pli retiennent l'euu, consistent en ariiîilc et inarne, en couches de pierres de diverses espèces. Le sous-sol argileux retenant l'eau, est nuisible, parce qu'il noyo continuellement lo sol, et empê- che l'cllet des engrais. Le sous-sol argileux sous un sol S!\blonneux peut être bien utile par son mélange avec le sol. Le sous-sol perméable ou qui peut être traversé !>.' ![ i" " w V 'i ''[ ■ .i 1 y' il ï; 1 " iii i'i! W ''\'\ 52 PRÉCIS D'AGRICFLTURK. ClIAPITE SECOND. MûYKNS ESSENTIELS POUR AMÉLIORER ET CULTlVEtt UNE FERME. ] ^ . L'emploi judicieux d'un capital proportion- Jiù à la ferme ; 2 ^ . la tenue des comptes réguliers, comme le fondement le plus certain d'une cul- ture économique ; 3*^. une habile disposition des travaux agricoles et des arrangements domestiques ; 4 ^ . prendre à gages un nombre convenable de do* incstiques sûrs et fidèles ; fi ® . se procurer des jour- naliers laborieux et intelligents, pour les travaux «[ui exigent leurs secours ; C *^ . acheter et entretenir les bestiaux les plus convenables à la ferme ; k- grand nombre de beaux chevaux, les beaux harnais «-'t les belles voitures en tout genre, sont très préju- diciables aux progrès de l'agriculture ; î ^ . construire des bâtiments convenables pour le but qu'ils se ])ro- jiosent ; S '^ . la faculté de disposer de l'eau ; 9 ^ . la «iivision de la ferme en pièces d'une forme et d'une étendue convenables ; 10 ° . la construction de bon* chemins de communication, dans le cas où il n'en existerait pas déjà. Tous ces points rangés avec ju- gement, le cultivateur peut procéder avec intelli- gence et énergie à l'amélioration de sa ferme. Le oultivateur doit se rendre compte de ses revenus et eaii duus uu état constant d'amélioTutiou pro- n faut prendre le bélier le plus furt, quoi- que ses formes fussent moins parfaites qu'un plus tiiible. Les déiauts existant dans uiae race se transmct- lent et tendent à s'accroître. Art de gouverner le Bétail en ciênéral. Il est très-important au cultivateur d'employer, économiquiement et uvautageusemcnt les végétaux destinés à la nourriture des bestiaux, en les appli- 'juant à ceux qui peuvent lui procurer les bèniiices les plus considérables et les plus })rompts. Point de i.'rofusion d'un côté, ni de parcimonie do l'autre. Tour atteindre ce but, on doit faire attention, 1 ^ . à la préparation la plus convenable, et à la distribu- tion la plus économique de la nourriture ; *2 ^ . à ;ip[)roprier les nourritures de 3 '^ . enfin, à la diversité des saisons, à l'état des animaux eux-mêmes, sous le rapport de l'âge, du degré d'en- graissement. Règles générales. 1 ° . Les animaux destinés à la boucherie doivent être entretenus dans un état cons- tant d'accroissement. Les races précieuses sont Ibrteraent nourries dès leur naissunce. On doit toujours entretenir tous les auimaax dans un état constant d'accroissement. 2 ° . La taille ne doit jamais être supérieure à ocl- )e que le pâturage peut entretenir dans un état d'embonpoint. On ne peut accroitre la taille sans améliorer le jiâtunjge. 3 ° . Les meilleurs pâturages doivent toujours êtres donnés à la proportion du biHaili^ui doit être vendue Va : ''îuière 5 ceux d'uue qualité inférieure, aux animaux producteurs lité, au jeuno bétail. PRÉCIS D'AGRICULTURF t ceux i)t (le la dernière qua- 4f^ . Ou ne doit pas mettre sur un pâturage plii« utritivoet plus grossière ; parce que leur pouvoir ilijxesfi t'est plus eonsidériible. Kn biver, lors<|Uti Ton donne u ne nourriture .sécbe aux animaux, jIs ne doivent pas nKUifjuer d'eau ; l'humecter est uuii excellente chose, même pour les chevaux. G ° . En général, le cultivateur doit avoir soin do jirévenir les miiladies des animaux, en écartant les causes éloignées. (Jes maladies se guérissent <^litli- cilement une t'ois déclarées, partie à cause (.le l'ubs- curité de leur nature, et par la ditiiculté de leur ajjpliquer et administrer les renièdes convenables. Jl ne faut pas changer subitement de nourriture ; il faut pnsser du pâturage grossier ou riche grailuel- lement.do la nourriture sèche aux aliments t'ruis, et vice verKà. Instruments d'Acîuicuf.turk. Fia supériorité des agriculteurs anglais sur ceux des autres nations, peut être attribuée, en grande j)arlie, au grand nombre d'instruments précieux ([u'ils emploient à l'exéculion (.les procédés de i'ii- griculture ce qui résulte i!e l'abundance des capi- taux aussi bien que des talents des mécaniciens. I.e cultivateur doit cependant faire attention nu 1 rop grand nombre qui lui deviendrait a ciuit'o. 1 - . Ces instruments doivent être simples duns li-.'r ettnstruction, alin de les réparer plus proinpteuK'nf , à peu de ùnia et par des ouvriers ordinaire» y'I^ . '.--s I I 1\ 5S PRECIS D'AGniCULTITvK. ii I ex » ■'] i ! i ! lï î ■ 1 ■ h, ''K l'I iTjatériiinx en doivent être thirahles, pour éviter lu perle do temps (jii'cntraînc leur réparation ; 3^. il» doivent être de constrnction solide, ulin qu'ils n« puissent pas être endomniajîés par les seeousseii et les lieurtements auxquels ils sont exposés, et pour (pi'ils puissent ôtre maniés par les ouvriers ordi- naires qui n'ont p;is rhubitude d'einplnycr des ins- truments délieats; 4*^ . le bois doit être eouiié et pla- cé de la mnnièrc la plus convcnablt; jiour éviter la fatigue, évitant les nuTtaises, fViisiint attention à no pris eonstruire les instruments trop volumineux, innis au contraire avec tonto la léi]^èr("té j)ossiblt? ; f) - . le prix en doit être médiocre; à condition (pie rinstrument soit l)ou ; 6 ® . ils doivent convenir à U nature du sol du pays où l'on en fait Temploi. Les instruments d'agriculture se divisent (^u plu- sieurs sortes, comme on va le; voir. Le cultivateur iiitellifîont fera le choix de ceux qui lui conviennent seulement. Instruments a cultiver. Ils consistent en charrues, herses, houes-à-chcval, extirpatcurset instruments d'une invention ])luo ré- cente, connus sous différents noms et que nous aj'- ] cil runs scarilicateurs. La charrue est le principal instrument cnriplové dnns l'art de Tagricnlture, on ne peut cultiver sans charrue. Les avantages de la charrue simple compnrés à la clnirrue à avant-train, sent que son prix fl'nclrat est moindre, les rép;irations moins coûteuses ; bien fiite, elle exige moins de fi)rce de tirngc et moins ï;njette :uix dégriulations; elle convient bien aux sols légers, «insi qu'aux terres humilies, parce qu'el- les s'y attachent molis. Cette clurrue exige des cultivîiteurs expérimentés. Jjfs chiirrues à avant-trnin exigent moins (Ta- dressetleh» jinrt du laboureur; elles conservent, une profonder de sillon plus régulière, et peuvent prendre une bande de terre plus miuce ; aidant le PRÉCIS D'AGRICULTURE. 59 ln>)onrciir dans les sols rébelles, tenaces et picrrcnx c»ll(.'s conviennent mieux pour les labours àtiunclics. Miiis elles sont ))lus conteuses et jiour le prix d'a- chat et pour l'entretien, exigent un attelage ]»lns consitl érable, lavorisent la paresse jjar le puiiis ilu cultivateur (jui s'appuiesur les manches et aiiginente principalement le tirage. Ces charrues ne sont pres- (]ue plus en usage en Canada, 1 - . La charrue à tranches divise la bande de terre <*n deux eu trois tranches. L'allé enlève cPiiburd les herbes et les éti'ides, avec nue tranci»e superliciellt-, (ju'ello dépose au (i-)ud du sillon ; la seconde Iran- c-he, prise plus ]»ro(oudénient (pie la première, se re- tourne sur celle-ci, et la couvre coniplètemeuf. l'^lle convient aux sols prolonds, et s'emploie avec a va ut -train. 2*^. Les herses. Ces instruments sont nécessaires dans la j)rati(|ue do ragriculture pour pulvériser la tt-rre, nettoyer les mauvaises herbes, ])réparer la seniiiille et recouvrir la semence. La construction des herses doit dépendre de la nature du sol. Jvègles pour la coustructiou des herses. 1 -'. Chaque dent doit former sa trace ; en sorte que i\cux dents ne doivent pus marcher sur la même ligne; 2-. les traces des dents doivent é!re à une éiiale distance Tune d(; l'autre; les dents doivent êtres rondes, ou présenter un tranchant jiar de- vant, comme autant de couches, parce (ju'elles so nettoient plus Ilicilement ain.si que lors(ju'elles sont carrées, ou autres formes, et les chevaux tiretit l'ins- trument f)lus facilement. 'S ^ . îjes houes-à-cheval. Ces utiles instruments Siout destinés non seulement à délruirt; les mauvai- ses herbes, mais aussi à ameublir la terre, entrt; les; lignes des plante?^, comme turnips, pomme de terre, ou de toute espèce de crains, sc-més en liones éiiu- lement distantes. L'emploi do la houe-à-niiim est aussi bien nécessaire. 4^. L'exlirj'aleur. Cet i.istrnmeiil était originai- rement une petite herse tiiuiiguluire, pesante, uvtc 60 PRÉCIS D'AGRICULTIJRK. ^' i.\\ Ac longues dents inclinées en avant, et aigùe», san' Kounluts à leur extrémité inférieure. Ensuite on v ajouta un certain nombre do souplats triangulaire.^ ncérés sur leurs bords, ot fixés à l'extrémité d'au- tant do barres de fer. 11 est utile dans les sols lé- gers, plats, exempts de pierres ; il détruit les mau- vaises herl>es, et ameublit la terre. I>ans les terres fortes, il est préférable au bersaj^e, tendant à eonso- lider la surface, mais la terre doit être ameublie avant de l'employer. 5^. Le scarificateur. Imitation de l'cxtirpatenr ; il en diffère en eo qu'au lieu do barres de fer (jiii portent les pieds, il présente des espèces de contres courbés en uvant, qui pénètrent dans le sol et amènent à la surface, les racines des mauvaiscr< herbes. Les coutrus ne doivent pus être tranchants, parce que les racines des mauvaises barbes seraient coupées, etfju'il serait plus diflicile de les ruiii.isser. Les contres sont assemblés sur un cbassis de bois triangidaire ou carré, [jortant à chaque angle uno petite roue de fer fondu, qui roule sur la terre, et fjtii régie la profondeur à bujuelle ou veut faire pénétrtr les sols. Cet instrument est utile pour préparer la terre pour les patates, les turnips, pour les arracher, mélanger avec lu terre la chaux ou les comports, ( t n'enterre pas ces ameudeniens au delà de la prolbn- deur qu'il convient. Ou le considère comme un des plus grands perfectionnements de l'agriculture mo- derne. Instruments pour skmer. On sème les grains ; 1 ^ . à la main ; 2 ^ . avto semoirs ; 3®. à Taide du plantoir. Lorsqu'on no fait pas les semences en lignes droites, on sème à la n>aiu au moyeu d\\i\ senmir rn toile ou d'une corbeille. On doit semer bien rt- ^ulièrement. LVSTRUMENTU A MOISSONNCK LES GRAIKS. Le»s cultivateurs anglais font couper les gruiff»! fv"»r le moyen de lu pdite faucille à dent8, ou de U*. ^ro^iKc «ans dents, uu entii; do lu faui.x. PRÉCIS D'AGRICITLTURE. 61 La faucille dentelée est préférable à toua autres 'iustniments de ce genre» T/emploi de la faulx est moins coûteux, et plus prompt que celui de la ihucille ; ninis ne rangtunt pus les épis aussi régulièrement qu'on le fait avco la faucille, on en connaît le grand désavantage lors- que l'on emploie la machine à battre. Rentrée ET Conservation des Grains. La charrette est la voiture la plus commode, à cause de la facilité à la manoeuvrer, charger et dé- charger. Les grains se conservent mieux en meules que dans les granges, si on les place sur des piliers de ])ierre ou de fer fondu, en sorte que la grain se Ironve isolé du sol, se conserve sec, et se trouve à l'abri des souris ; lorsque la saison est humide, eu place au centre de la meule, un triangle en bois, qui jiermet à l'air de circuler librement ; ce qui empê- che le grain do se gâter s'il a été rentré humide. On ne doit jamais laisser d'échelles ni autre chose semblable, appuyées contre les meules, parce qu» les souris pourraient y grimp€;r. Instruments a battre les Grains. Tl y a trois sortes de machines destinées à cet usage ; la machine à battre, celle à nettoyer l'orge et la machine à vanner. La machine à battre est considérée comme le plus précieux instrument qui ait été inventé dans les temps modernes ;ce moyen est très économique, îrès-expéditif, outre l'avantage qu'il a de séparer le grain de la paille d'une manière plus parfaite, on la fait mouvoir par le moyen de chevaux, de bœufs ou de vent, ou à la vapeur. On se sert aussi avee avantage de machines portatives de cette espèce. Les machines à nettoyer et à vanner sont aussi d'une grande utilité, économisant beaucoup et uet- t«yent beaucoup mieux les grains que le van ordi* 1 ij '■V 62 PRÉCIS D'AGRICULTURE. «nire ou pîir \e moyen du vent. On les joint sou- vent avec leurs cribles à la machine à battre. Instruments de Fenaison. La faulx est trop connue pour en parler, quoique «es formes varient. On se sert à jirésent tl'une machine, au moyen d'un cheval, (jui ubrèjrc l'ouvrage de beaucoup. Pour le traiJS])ort des priKluctions agricoles, la cliar- rette est le moyen le plus économiquect le meilleur. Quant aux harnais et attelages, le cultivateur doit s'attacher au solide, et non pas aux attelages garnis n terre. Le cultivateur intelligent partagera sa ferme pnv )néces do tcîrre d'étendue et de figure convenablesi, ulin d'y établir une rotation régidièrc de récolte, et d'en tenir des comptes exacts. La trop grande Tpiantité d'arbres sur une ferme, surtout lorsqu'ils :»ont en ligne, épuisent la terre. Les circonstances desquelles doivent dépendra l'étendue des pièces de terre sont: l'étendue de l:i ferme dans laquelle elles sont situées ; la nature du sol et du sous-sol ; lu rotation adoptée dans l'ex- ploitation ; le nombre de eharriu?s employées dani Jui ferme ; l'inclinaison du terrain ; son état, soit en terres labourables ; enfin la nature du climat. 1 ^,. En général, les cultivateurs expérimentée préfèrent les pièces de terre, de figure régulière, d'une étendue moyenne, même dans les grande.^ fermes^ 2 ° . On doit faire attention au sol et au sous-sol ; s'ils sont variés, il faut séparer les terrains léger?» des terrains argileux, afin de les pouvoir cultiver plus commodément dans les saisons qui leur sout ])ropres. On aniéhore ainsi : si le sol léger prédomine, «n y charroie de la terre forte prise sur la pièce yoi- :9in« i si au coutrairc le sol argileux a plus d'étdfidu«j rnÉCIS D'AGRICUI.TUUK. 65 ^Yl y mêlera du terrain léger; lu nièce clc terre dc- viciidru plus uuKurme, et ses réïiultats plus uvanla- gcux, 3 ® . T^nc ferme doit iHrc divisée conformément i l'n.ssolenicnt que l'on veut y siiivro ; uinsi si voux ndoptez un assolement de six ans, parta«çc>5 votro terrain en six ou douze pièces, scbn les circonstan- ces. Si le sol est uniforme, il est mieux qu'une piéca entière soit chargée do la même récolte. 4- ® . L'étendue des pièces de terre doit être pro- portionnée aux nombre de chevaux et de charrue que l'on emploie sur la ferme. 5®. L'étendue des pièces de terre doit être in- fluencée aussi par l'état du sol, soit plat, soit incliné. Dans les terres bien dcssécliées, si le sol va en mon- tant, on ne doit pas foire les sillons trop longs; purcc que les attelages seraient trop fatigués s'ils étaient forcés de labourer d'une traite, en montant une trop longue étendue. 6 ® . Pâturage. Si l'on emploie alternativement le Sfol en pâturages et en terre arable, surtout lorscjuc l'état de pâturage doit durer deux ou trois années successivement, les pièces de terre d'une grande étendue sont avantageuses. Le cultivateur doit, alors diviser son bétail; ce qu'il ne |)Ourrait cepen- dant faire si chaque pièce avait trop d'étendue. Lorsqu'une pièce de terre a été jiâturée pendant quelque tem[ïs, on met le bétail dans un autre, jus- qu'à ce que les herbes de la première pièce soient en état de recevoir le bétail de nouveau. 7 ® . Observer la nature du climat. Dans les cli- mats secs et froids, on doit avoir de petits clos, a cause de l'avantage des abris ; dans les terrains humides, au contraire, les pièces de terres en cul- turc ne peuvent être trop ouvertes et trop aérées, afin que le sol se dessèche plus promptement, que les grains croissent et mûrissent avec plus de faci- lité, et que l'air ayant une libre circulation, le cul- tivateur ne soit point gêné dans la rentrée de sa ré- colte, dans une saison défavorable. ) 66 PRÉCIS D'AGRICULTURE Quant aux figures des pièces de terre, les carrées sont les plus avantageuses, ainsi que les clôtures ci» lignes droites ; ce qui économise le temps et le ter- rain. Pour que l'on puisse exploiter une ferme avec pro-- fit, il faut que les chemins qui la traversent, soient d'abord construits judicieusement, ensuite entrenu» en bon état. CIIAPITPvE TROISIÈME. Culture et amélioration des terres en friche. Les produits naturels de la terre inculte ne four- nissent à l'homme que de chétifs moyens de subsis- tance. Le premier objet que l'on doit avoir en vue, pour obtenir les aliments du sol, est de le mettre ou bou état de culture ; le second est, non seulement de j^révcnir son épuisement, mais d'accroître sa ferti- lité, s'il est possible. Des diverses espèces de terres en friche. Elles se classent ainsi qu'il suit : 1 ° . Terres des montagnes. Le sol des monta- gnes, s'il n'est pas humide, ne convient guère uu'au pâturage des moutons. On y cultive du grain dans les pentes douces. 2 - . En général, le sol marécageux peut être cul- tivé, mais avec ])eu d'avantage. S'il est couvert de plantes grossières, ordinairement, il ne vaut pas la peine d'être cultivé. Quand le sol est Immidi;, et qu'on le peut dessécher, il devient productif. 3 '^ . Il y a deux espèces de sol tourbeux ; l'une noire et solide, l'autre spongieuse, fibreuse, conte- nant une grande quantité d'eau. Pur la culture ihcn entendue, et par le dessèchement, ce terrain devient végétable ; on en fait des bons pâturages, des prai- jies et des plantations. Régulièrement, la tourbo molle et s])ongieuse ne payerait pas les frats de cal- turc- ■%. PRÉCIS D'AGRTCULTLTvE. 07 lirai- 4^. On tlessèche les lerminssujcts aux inondii- tions par le moyen de saignées. On en fait des pâ- turages on des prairies. f) ^ . Les terrains sablonneux ne sont gnd-res pro- pres qu'aux pâturages. 6^. On peut améliorer les terraini: qui se trou- vent le long des lacs ou des rivières. lies obstacles naturels nu défrichem "t des terres incultes, sont ; 1 ® . les forets ; 2 ^ . les buissons ou broussailles ; 3 ^ . la fougère ; 4 '^ . la bruyère ; n ^ . les herbages grossiers; 6^. les pierres;?^, les roches. 1°. Les forêts. La présence d'arbres do luiitc stature est un grand obstacle à l'agriculture; mai-! c'est le signe certain que le sol est iiaturcllemcnt fertile. Il a dûs'cnricliir au moyen desfer.illes qui y sont tombées pendant une très longue suite J';in- iiées. Les cendres provenant des branches et au- tres bois que l'on a brûlés sur ce sol, si elles y sont iudicieusemcnt répandues, en augmentent considé- rablement la fertilité ; si on destine ce sol ainsi dé- friché pour le putuiâge, on doit le romjire le moiii^ possible; parce que la terre de la surface est tou- jours plus fertile que le dessous. Le meilleur moyen pour convertir les bois en terres arables, est de se contenter de couper les arbres, laissant la terre t-n état d'herbage, jusqu'à ce que les racines soieiît détruites, en coupant de tcmjJS en temps, avec la faulx, tontes les jeunes pousses des arbres ; les raci- nes, au lieu de nuire, deviennent un moyen d'amé- lioration. On augmente beaucoup la fertilité du sol, (.uand on peut y appliquer une bonne quantité do chaux. 2^. On doit couper les broussailles, détruire les racines au moyen d'une forte charrue, mettre le tout en tas et le brûler pour en répandre ensuite les <'endres sur le sol ordinairement argileux. La culture de la patate améliore ce sol, ainsi que le pâturage des moutons. 5* !V U' " 6S PnÉCIS D'AGRICULTUKfi. 3®. La fongère »c détruit difficilement. Klh croît toujours sur un bon sol. La meilleure saison pour la détruire, est en juin on juillet, pendant que les plantes sont en plein suc ; en les doit alors cou- per fréquemment, le plus ba» possible. On la dé-^ truit par le lalrour et le pâturage. 4 ° . On détruit la bruyère par le feii, et on amc-« liorc le sol au moyen de la chaux. 5°. Quand il y a des herbages grossiers sur ud sol, on les doit faire brûler, y employer la chaux, afin de détruire les fourniilli ères. 6 '^ . et 7 ° . On doit faire disparaître les pierre» et les roches autant que possible ; c'est «n grand désavantage lorsqu'elles se trouvent à la surface du sol. On en tire partie en les employant en clôtures on en les vendant. Moyens de mettre en culture les terres en frî- CHES. Les terrains friches, selon leur nature et leur si- tuation, peuvent être préparés à la production des grains, de six manières différentes, savoir ; 1°. Ecobner; c'est-à-dire enlever la superficie d'un terrain avec l'herbe, la brûler et répandre ses c'cndres sur le sol. C'est la meilleure méthode pour mettre en culture les terrains friches. 2°. Défoncer; ce qui se fait lorsque le sol est peu profond, reposant sur une couche peu fertile et pierreuse; on en extirpe les plantes de mauvaise nature, amendant la surface ; ensuite on la conver- tit en pâturage. Si l'on veut le mettre en terre •arable, il faut y employer la bêche et la pioche. Au moyen d^i défoncement, toutes les pierres se trouvent à découvert, et peuvent s'enlever facile- ment. On doit approibndir le sol jusqu'à treize ou quatorze pouces. 3 ° . Labourer profondément la terre ; ce qui con- vient aux terrains argileux, pauvres, couverts de mauvaises herbes, souvent humides et pierreux» \ (I PRÉCIS D'AGRICULTURE. 69 4 '^ . Couvrir de terre la surface du sol ; celte mé- thode est propre aux terrains marécageux et aux sa- bles sans consistance. 5 ° . Entraintr la surface des tourbières par Ti- nondation ; ceito méthode se pratique en Ecosse et en Ans^Ieterre; mais je ne crois pas que Von eu puisse faire usa<^c eu Canada. 0°. Ou améliore les sols tourbeux et maréca- geux par le nwycn du rouleau, et par la chaux. itKGLES A OBSERVER SUR l'aMÉLIORATION DES TERUCS INCULTES. 1 ® . N'adopter un plan d'amélioration qu'après réllcxions, et avec faculté de disposer d'un capital euflîsant. 2°. Attendre que l'expérience ait montré si lo plan convient au sol, à la situation et au climat. 3 ° . Si on veut mettre en culture des marais ou des tourbières, ne commencci- un dessèchomeu- complet, que lorsque le sol est purgé de toute hun^l- dité surabondante. 4- <= . Lalxjurer ou défoncer la tourbe eu automne, îilin de l'exposer aux pluies et aux o-eiées d'hiver, non pas aux chaleurs de l'été, qui retarderaient sa décomposition en la durcissant. 5'^ ' Ne mettez point sur quatre arpents, l'engrais îiéccssaire à trois ; ni sur deux acres, la chaux, Ja craie, la terre, l'argile, ou le subie qui auraient dâ lî'cn couvrir qu'un. G ^ . Améliorer les terres incultes, sans y mettre le fnmicr néceseaire au reste de la ferme ;'rengruis produit par un bon sol, no doit jamais être destine a l'amélioration d'un mauvais; à moins fiue l'on ai: l'avantage de se procurer du fumier dans le voisi- iiage. 7 => . Mettez en herbages, le plutôt possible, \cy terrains améliorés, s'ils sont dans une jiositiou. froide et élevée, et conservez-les dans cet état le .)lus longtemi)s que vous le pourrez. Le pàturau». •ios moutons est le plus convenable à ces tcrrajua I ! I' . Il ! ; 70 PRÉCIS D'AGRICULTURE. ainsi améliorés ; puis la culture de patates avec chî l'timier. Les clôtures sont de la plus haute importance ; le culUvutenr intelligent no les doit pas négliger, non plus que les Ibssés. Des Dessèchements. On éprouve les avantages des dessèchements, dans les terres arables, dans les prairies ; dans le.s l'ois et plantations, dans l'amélioration des terres in- eultes, dans son influence sur le ^climat, et sur di- vers objets particuliers. 1 ^ . Terres arables. Les engrais que l'on met sur un terrain resté dans un état d'humidité, ne produi- sent que très-peu d'eflijt ; les semences y périssent, les récoltes sunt tardives et presque sans vigueur, au désavantage du cultivateur négligent. 2^. Prairies. Par le dessèchement, les prairie» souifreut moins du piétinement du bétail ; les mau- vaises herbes disparaissent ; celles de bonne qualité y croissent : on peut entretenir un plus grand nom- hre de tête de gros bétail ou à laine qui s'améliore en taille, en qualité et s'exempte de maladie. 3 ° . Dans les bois et plantations, le dessèche- ment fait prospérer les arbres, et empêche les raci- nes de pourrir. Les bois sont toujours de mauvaise* qualité dans les terrains humides. 4 ^ . Le défrichement des sols marécageux doit toujours être précédé du dessèchement ; l'eau sta- gnante est nuisible aux plantes, et très-insalubre. La chaux et le fumier n'ont aucun succès avant le dessèchement complet. f) ^ . En écartant les eaux stagnantes, et en pré- venant les exhalaisons nuisibles, on rend le climat plus salubre, et plus favorable à la vie animale et vé- gétale. Par lo dessèchement, on évite bien des iièvres et autres maladies. 6 ^ . Le dessèchement procure de l'eau dont ou peut tirer parti pour divers objets d'utilité ; comme jiour l'irrigation, pour des moulins ou autres nsine* 5 (I PRÉCIS D'AGRICULTURE, 71 ^UT alimenter des habitations, des étangs, des fos- sés de clôture, des canaux de navigation. Des causes de l'humidité de la terre. 1 *^ . Eau de la surface. Dans les sols argileux, l'iuimidité provient souvent de l'eau qui reste à hi surface. Il faut à tous ces sols qui retieiineut ainsi l'eau, d'abondantes saignées artificielles. 2 ^ . Sois absorbants. Les sols loameux absorbent facilement l'eau, ce qui les gonfle ; on se débarrassa encore de cette surabondance d'eau par les saignées, qui doivent être plus profondes dans les terrains sa- blonneux. 8 '^ . Los sources provenant des eaux de la sur- face. Le sol varie dans sa nature. On trouve dans le même champ, le sable à côté de l'argile, ou uii sol poreux à côté d'un terrain qui retient l'eau. Les sols poreux forment des réserves d'eau, ensuite les sources temporaires qui rendent le terrain impro- ductif. Le moyen de s'en débarrasser, est de pra- tiquer des tranchées profondes, avec des saignées latérales qui y aboutissent. 4°. Sources provenant d'eaux subjacentcs. La, terre est composée de dilférentes couches poreuses ei imperméables. Le sable, le gravier, la terre cal- caire et diverses espèces de roches, divisées cntre- rasscs ou fissures sont appelés sols poreux ; les argi- les de diverses sortes, graviers, roches compactes et sans fissures sont appelés imperméal;les; ces sol:^ retiennent l'eau. 5 ^ . L'infiltration ; ce qui arrive par le manqua de fossés ou de mauvais fossés. Ces eaux stagnantes, outre l'insalubrité, causent des maladies aux ani- maux. Le cultivateur doit toujours tenir ses fossés nets, pratiquer de fréquentes saignées, de profondes et larges rigoles, beaucoup plus larges par le haut que par le bas, y veiller en tout temps de l'année, non seulement dans le terrain ensemencé, mais en- core dans les prairies ou terrains en pâturage ; rien n'est plus nuisible que de laisser séjourner l'oau '( 72 PRÏ^XIS D'AGRICULTURE. ' ! i ^ dans nn champ, son séjour est la cause immédiat© des mavaises récoltes et de la pauvreté d'un pays. Des amendements. Le mot amendement comprend toutes les subs- tances, qui apj)liquécs artificiellement au sol, ou mé- langées avec lui, sont propres à animer, à conser- ver, ou augmenter sa fertilité, et à le rendre plus favorable à la végétation. Comme cet ouvrage ne se borne qu'aux principes de pratique, nous les classerons ainsi qu'il suit ; engrais putrescents ; amendements calcaires ; amendements terreux ; engrais végétaux, articles divers j compots. 1er. Engrais putrescents. Les engrais sont les plus importants ; parce qu'ils fournissent au sol les principes les plus essentiels do la fertilité, en hâtant une vigoureuse végétation dos plantes et une plus prompte maturité. Mais il faut lemplacer les engrais, vu qu'ils se décomposent. Pour cet effet, on emploie avec avantage, le fu- mier des bestiaux, les excréments des oiseaux ; les boues des villes et villages ; les vidanges des fossés d'aisance ; l'urine ; les débris des animaux de ter- ic ; les débris de poissons. 1 ^ . Fvjnier des quadrupèdes. Cette substance four- nit immédiatement des aliments ;iux plantes, ex- cite la chaleur du sol, rend sa texture poreuse ; ello attire et retire l'humidité, favorise la décomposi- tion des substances végétales qui se ti-ouvent en terre, par la fermentation qu'elle occasionne, il faut donc recueillir les matières, les préparer à l'usuge, et les appliquer au so!. 2°. Lo fumier des cours de ferme consiste dans les excréments des animaux, mêlés avec leurs litières et autres substances absorbantes, qui en ang- montcnt la masse, sans nuire à ses propriétés fertili- .suntes. Les mauvaises herbes, recueillies pendant Tété, les feuilles des arbres, la paille tîon employée^ 'Il rnÉCIS D'AGRICULTURE. r.-î îa terre végétale ou la tourbe forment d'excellent» «nprais. 'l ^ . Le mcillonr fumier est celui des cochons, à cause do la surabondance de graisse que prennent ces animaux, de la nature des aliments; celui des chevaux est phis sec, mais il a plus de chaleur ; celui du bétail à cornes est plus froid ; mais ses cf- ïoA sont plus durables, le fumier du bétail à laine s'emploie seul ; il a de prompts cfFols ; mais il s'épuise prom{)tement. 4< ^ . Le mélange des diverses sortes de fuuiicr produit des résultats avantageux. . 5^. Les fumiers des animaux nourris à Técurio ou à i'étable sont préférables à tous les autres. (i ^ . Après les excréments dos animaux, la paille est la principale matière qui entre dans la composi- tion du fumier. Pour cet eff't le cultivateur doit faire couper ses grains bas. il en faut donner pour litière aux animaux autant que possible. î^ . On forme un riche engrais en étendant dans la cour do ferme, une couche de tourbe, de t( du champ où il doit être employé, et no jamais l'étendre sur la terre, comme font, malheureusement un troj» grand nombre de cultivateurs. Pour tirer avantage de ces dépôts de fimîiors, on met d'aburd une couche de six à huit ))ouco do marne, ou autres terres ; lorsque le Ims est coraplel, on le doit soigneusement couvrir do marne, de terre, de manière à le renfermer complètement et de tous côtés )X)ur empêcher l'évaporation. On doit retourneret mélanger ce pâté ; mais à cha(pie (bis il faut le recouvrir d'une ÎKmne couche do terre. il est très dangereux d'employer du fumier non fermenté, pour les récoltes de grains, parce (ju'il con- tient des œufs d'insectes, et des semences de mau- vaises herbes, que la fcrmcnlatioa seule peut dé- truire. 3 me. Mode d'application. On peut appliquer le fumier sur la jachère ou ter- rain en repos, pour les récoltes vertes, pour les ré- coltes de grains, ou sur les prairies dont nous ne parlerons qu'à cet article. 1 ® . Les terrains argileux qui ne sont pas fertiles, doivent réunir le fumier sur la jachère; il y sera très profitable si le terrain est parfaitement nettoyé. 11 le faut bien mélanger avec le sol. '2-. Dans les sols légers, la meilleure manière d'appliquer le fumier, est de l'employer pour tonte espèces de récoltes vertes, surtout si on Kis j)laoc eu ligne comme les navels et les patates. On le doit prcHdre alors aussi humide que possible. 3 *. Ou applique le fumier sur le chaume qui V-; PRÉCIS D'AGRICULirRE. 75 qui doit être labouré ou siT les jirairies qui sont pour f'iic retournées, en lo répaiiclaiit bicu également, Siiir la siiiTacc des prairies ; mais on ne doit pas né- «iligor de le bien enterrer clans les terres arables. 1 ^ . Le fumier des bûtes à laine est nn exccl- leht engrais ; pour en tirer le meilleur parti, on doit mettre de la paille à difl'érens endroits, alternative- ment sur le lerriiin où jâtmenL les moutons, et répandre celui de la bergerie comme les autres fu- miers. 2 ^ . Excrément dos oiseaux ; co qui comprend lo fumier do pigeon et celui des différentes volailles, que l'on emploie le ])lus souvent dans les jardins. '*> ^ . Los boues des villes. 4® . Les vidanges de fusses d'aisances ; c'est le ] lus riche engrais, lorsqu'il est" desséché. Tour l'employer on le mélo avec les boues aniussées dans l(s rues, la chaux, la marne et antres matières. 5-. Les urines, parce qu'elles contiennent en dissolution les principaux éléments des végétaux, il les fiiut mélanger avec de l'eau. C ^ . Débris des animaux terrestres ; ces .subtan- ces doivent être mélangée* avec des substances ter- rcnses pour empêcher une décomposition trop rapi- de. De même les débris de boucheries, etc. 7°. Les débris de poissons aussi mélangés. 1 ^ . Les amendements calcaires. TIs comprennent: la chaux calcinée ; la pierre à cbtmx [inlvérisée ; le gravier calcaire ; la craie ; lu marne; les coquilles marines ; les résidus des sa- vonneries ; le plâtre. 2 ^ . Chaux calcinée, ses avantages. La chaux, en engraissant puissamment les terres incultes, détruit en même temps toutes les mauvai- ses herbes qui y croissent ; elle augmente la quan- tité de la paille; ydéiruit tous les insectes. Il ne faut pas l'employer en trop grande quantité, ni trop fréquemment, surtout sur les terrains lég^^rs ; elle les rendrait stéiiles. (f ' 7e PRÉCIS D'AORICULTl^K. '' ! 1 -i l 1 La chnux vive, on poudre, ou dissoute danslViu, est nuisible aux plantes ; c'est pour cela qu'on fait jicrir des herbes, si on les arrose avec de l'eau do chaux, lléi^uliôromcnt on doit employer la chaux éteinte ; elle donne aux terres léi:>èrc plus d'adhé- rences, et la propriété do mieux retetiir l'humidité. On doit ]»ien connaître la qualité de la chaux avant d'en fiiire l'emploi. 1 ® . On doit toujours réduire la chaux en poudro avant de l'employer ; le temps le plus convenable ])our l'employer, est pendant Télé, en juin ou juil- let. On ne doit pas enterrer la chaux bien ])roIou- démeni, p!»rco qu'elle tend toujours à s'cnfonc t ilans le sol. 'i ^ . Pierre â chaux pulmrisve. l^llc diiïérc do lu chnux calcinée, en (;o (pi'elle contient do l'acido carbonii|iie, ce qui la rend insoluble dans l'c;au. .'{ '' . Grtincr c. dcilre, ou frriiiu'cr à <>rniii. Cet anioidement convient particulièrement aux terrains boiirbeux. 'i ^ . La craie. Elle s'emploie souvent dans sou état naturel, en la répandant sur la surface tle la terre, en aulomne, et en la laissant se pulvériser par rellet des <,'(dées d'hiver. 5 ^ . Lu marne. II. y en a de trois, espèces, savoir: la marne en pierres, la feuilletée, l'argileuse et co- quillère. Cet engrais est coûteux, sji on ne le trouve pas suus un so! léger. G^. Co(]mllagcs maritimes. Cet engrais excellent abonde dans les isles brilanniijues, mais n'existe )>as en Canada, si ce n'est dans la Baie des Chaleurs et au Nouveau-Brunswick. C'est {)onrquoi nous n'eu dirons rien. 7. ÎUsidus (ks savonneries. On le regarde coni- ine \\w excellent engrais de nature c;ilcaire, mêlé avec d'autres substances. Il est fort utile à tous les terrains, suriout aux jartliiis, parce qu'il a la proprié- lé de détruire les insectes. 8 ^ . Le plâtre. Cette substance est composée d'a- cide su'i'iirique et do chaux; son u^iplicatioa aux '\ *^ PRÉCIS D'AGnlCÛLTOnE. 77 coni- mùlè prairie» arbificiollos est toujours suivie des plu^ grands cfTets. l'resque toutes les espôces de cendres contiennent une ijjrande partie de cette substance. Au moyen du plâtre, un champ qui aura cessé do produire, peut-être rciidu 'à sa première fcrtililé. On l'emploie cru et en poudre. ÎJme. Amendements tfinniiux. On peut placer sous ce titre la terre végétale ou loam, la tourbe, l'aîçile et le sable, le limon de la Hier, des canaux, des étangs, des lliviéres, et la poussière des rues. 1®. Lorsque l'on construit des routes, des ca- iKiUX, dos fossés, on fait d^cxcellentscompots en eni- ))loyant les terres en provenant pour augmenter l'épaisseur de, la terre végétale dans les terrains qui en manquent. 2°. Tourbe. La tourbe sécliée et pulvérisée est un riche entrais pour les patates. On la divise en morceaux, Texposant à 1 air, ensuite on la trans- porte sur le terrain que l'on veut cultiver. 3°. L'^arsrile ou le sable. L'argile améliore le* sables ; ou donne quelquefois le nom d'argile à de« sols qui ne sont que sablonneux, à cause du défaut de dessèchements. On emploie le sable avec succès sur les terres fortes. 4 ^ . Ai'rai- rie en y faisant rouir le lin. 5me. Amendements divers. Tels que le sel, la suie, les résidus do diverses manufactures, les débris des mines de houille, le? résidus de fours à chaux. Toutes ces espèces d'où grais se répandent généralement sur la suface du «ol ; c'est ce qu'on appelle couverture. 6 me. CoMPOTS. Matériaux. La chaux vive, et les terres de di- verses sortes sont les substances qu'on emploie le plus communément. La chaux opère sur un amas do terre à peu près comme le levain sur une certaine quantité de farine ; les compots conviennent parti- culièrement aux prairies. Trae. De l'écobuagk. Cette opération consiste à écrouler la surface du sol, et à brûler les gazons, elle est avantageuse lors- PRÉCIS D'AGRiCrLTrRK. '9 qu'elle a 6t6 jtulicicuscmcnt exécutée. On iloit (ral'Oiil coiisitlércr la n:itnro du sol. Colto ojiéra- ti(»n convient aux lorrains toiirbcux, aux terres in- i iiltcb, aux côtcnnx crayeux, nux sain-foins à délVi- clier, aux vieux pâturages d'herbes grossières ; le moyen opc^re la destruction des mauvaises herbes Miii&i que des insectes qui se trouvent dans le terrain. Les récoltes qui conviennent après l'écobuagc ne doivent pns être épuisantes. On recommande le« turniiis, les pommes de terre, lorsque la coml»ustion est opérée de bonne heure et qu'on peut y appliquer (!u liimier. La rotation des récoltes doit dépendr« enUeremcut de la nature du sol. 8me. Jachère d'été. En Ecosse, en Truande et en Angleterre, on consi- ùcro la jachère d'été comme un moyen puissant pour améliorer les terrains argileux qui s'épuiseraient en peu de teu)j>s sans cela. Le cultivateur habile doit toujours tenir ses terres nettes de mauvaises herbes lie toute espèce. La jachère fait encore disparaître luu.s les insectes qui se trouvent dans le sol, qu'elle Mmeublit et dessèche. Lo cultivateur ne doit pas négliger de curer ses fossés, nettoyer ses rigolles et jiratiquer de fréijuentes saignées, afin de ne pa» laisser séjourner l'eau dans son terrain. Urne. Destruction des mauvaises herues. Xcttover la terre, ou détruire les mauvaises lier- Ijcs, est un objet bien plus important qu'on ne le croit cummunément. Pans le Japon, on a porté si loin rantipatbic contre les mauvaises herbes, qu'au rap- port des botanistes, on a peine à trouver dans tout rempire une seule plante croissant naturellement ; ^iialbeureusement on néglige trop en Canada la des- truction des mauvaises herbes. Des mauvaises herbes ex général. Elles se divisent ordinairement en trois classes. Les plantes annuelles dont la durée n'est que d'une i -i\ i ft| i M, II! h 0. 80 PRÉCIS D'ÀGRlCULTUllÉ. année, celles dont la durée est de de'^x années, d'autres dont l'existence dure plusieurs années. On détruit les plantes annuelles ainsi que les bisan- liuelles par le moyen de la jachère, du labourage et du hersage, la culture en ligne comme les patates^ On doit donner Un labour aussitôt que les mauvai- î,'es herbes paraissent à l'i surface du sol. Le chien- dent ne peut se détruire que par la jachère, dos la- bours répétés et des hersages entre les labours, on considère cette herbe ainsi que la moutarde, le chardon commun dont la graine vient le plus sou- vent d'une très grande distance comme la plus nui- sible, on la coupe fréquemment au-dessus du sol, ou Tarrache au moyen de tenailles. On doit toujours fai- re un choix de semences nettes ; lorsque les mauvai- ses herbes croissent dans les prairies, elles s'épuisent en ])eu de temps, et produisent une nourriture très nuisible au bétail. On détruit le chardon fucilement lorsqu'on le coupe en déchirant le collet de la ra- cine, au moment où cetie plante est dans sa plus prande vigueur, c'est-à-dire lorsque la fleur com- inence à paraître, parce que la pluie qui s'introduit dans le cœur de la plante) laitpoiirar promptemenl les racines. La législature rendrait un service si- gnalé au Canada en passant des règlements à cet eliet jiour obliger tous les négligents à couper dans le mois de juillet toutes les })lantes qui croissent sur jours terres ou dans les chemiuK, et cela sous des pénalités qui pussent donner la mémoire aux pa- resseux, éouvent les semences des mauvaises her- bes viennent des engrais qu'on emploie sur les ter- rains ; c'est pourquoi les cultivateurs ne devraient employer que du fumier fermenté, surtout dans les ^arciins ; pour détruire toutes les mauvaises herbes, on se sert des instruments suivants : une espèce de tenaille pour arracher ; les houes-à-main ; les houes- à-cheval, les herses j enfin les extirpateurs, la faulx et la faucille. On considère l'cxtirpatcur comme l'inî>trumcnt \e plus efficace qui ait été inventé pour la destrnctiou (Àtà mauvaises herbes. >.. PRÉCIS D'AGRICULTURE. 81 ClIAPITrvE QUATRIÈME. L'homme obtient de la terre ce qui convient i îon existence, s'il veut exefccrson industrie, son ac- tivité et ses lacultés intellectuelles. OPÉRATIONS AGRICOLES. 1 "^ . Le sol doit être débarassé de tout ce qui •peut nuire aux récoltes; 2°. sa texture doit avoir nn degré de porosité favorable à la croissance des plantes, possédant une fertilité suffisante pour la ^.production de^ récoltes qu'on veut y élever. § I. Des labours. L<»s bons labours sont les seuls moyens d'amélio- rer le sol. Les labours profonds, dans le sol pro- fond, laissent pénétrer les eanx de la surface, an- dessous des racines des plantes, en hiver, favorisent l'action do l'air, en été, donnant lieu a une évapo- ration considérable, qui fournit de l'humidité aux plantes dans les temps les plus secs. Les mauvais labours sont cause de la pauvreté d'un pays. Le mode de labour le plus simple et le plus économique «st celui delà charriso sans avant-train, conduite par deux bons chevaux, et sans conducteur. Le cultivateur ne doit point laisser de chevets, ou places non labourées et bien retourner îa bande de terre. Le labour mal exécuté ne détruit point les chardons, et n'empêche point l'écoulement de l'eau > et le champ noyé produira de mauvaises herbes avec des insectes. Le cultivateur -intelligent doit déterminer la '"r- geur et l'épaisseur de la bande de terre ; ce qui uoit dépendre de la nature du sol, et de la récolte pré- cédente. On ne doit point faire pénétrer le labour plus profondément que le sol précédemment cultivé, «xcepté sur la jachère, quaod on peut y metire bcuu- ««11^-. de fivmier. m ^ 82 PRÉCIS D'AGRTCtTLTURÎT. Le labour du printemps doit être moins profond que celui d'automne, § II. Avantages des labours profond». A peu près sur tous les sols, les labours profond» î5ont les pins avantageux; ils préviennent les sai- sons sèches, et celles trop humides, à cause de l'é- vaporation plus facile, et s*^at propres à détruire le» mauvaises herbes. Les labours profonds sont ton- jours suivis de belles récoltes ; pourvu que le terrain soit bien égoutté et nettoyé. Dans le comté de Kent, les cultivateurs écroutent la terre, avant le labour; et l'on considère cette méthode comme excellente ; parce que l'on ramène à la surface toutes le» herbes brutes qui servent d'engrais. En Angleterre, on fait ordinairement le sillon de neuf pouces de largeur, snr une profondeur propor- tionnée à la nature du sol. Le labour croise produit de bons effets, à cause du mélange de la terre et de l'engrais. Les sillons doivent être droits, réguliers, tant pour la largeur que pour leur profondeur. § UL Du HERSAGE. Le hersage pulvérise le sol : il arrache et amasse les racines des mauvaises herbes à la surface, mê- lant avec le sol les engrais ; contribue à recouvrir plus efficacement les semences. Quelquefois on emploie des herses très-fortes, qu'on appelle herses- brisoin. On donne quelquefois le herisage en différente» directions, en commençant en long, ensuite en tra- vers, puis finissant par herser sur le long. On ne doit pas trop herser pour le froment. Le piétinement des chevaux est nuisible dans lei terrains humides. § IV. Emploi du Rouleau. L'emploi du rouleau est considéré comme une opération des plu» essentielles à l'agriculture, sur- «t du •sei le rai 1 la PRÉCIS D'AGRICULTIRE. 83 tant tout pour les juchères, en terre argileuse. La herse / ,■• -.'■■ ... >. ii '-Xi. m !; i\ . 1 1 ■■ ' I s ' \\ 84 PRÉCIS D'AGRICULTUliE. Dorer jamais. Pour faire ce cliangcmcnt de semence, ou la doit prendre diina un autre .sol. On sùint! dans un sol froid d(.'S semences prodniteî^ par nu soi liâtif. Cependant le criitiva'LCur ne doit pas change» sa semence, tant qu'elle iiîi donne des produits sa- tisfaisants, à moins qu'il ne soit convaincu qu'il peut obtenir mieux par lui changenient. Le lin et \w- pommes de terre doiveiit être changés à peu prè« chaque année, c'est la pratique en Flandres ; quant aux patates on obtient le même résultat en « rra- chant do bonne heure celles destinées à la sem-'-ncc, ou en les iilantant à cet âge pour qu^dles ne puis- sent pas atteindre leur maturité. On a tronré très utile d'obtenir diverses variétés par le croisement ^ on en vit un exemple frappant en Angleterie en 179G ; tous les froments furent attaqués de la rouille à l'exception des variétés obtenues par le croise- ment, qui, seules échappaient à ce fléau, quoique Ncniés dans différents sols, et dans les situations très diflérentes. § Vil. Quantité de semence. On ne donne que très peu d'attention à cet objet dans beaucoup d'endroits. Voici quelques règles générales touchant la quantité de semence. Le premier point qu'on doit considérer, est le climat. 1 ® . On peut employer moins de semence lorsque ia récolte doit éprouver une saison favorable ; il n'en est pas ainsi, lorsqu'elle sera sujette ides temps va- riables, aux pluies, aux chûtes de neige ou aux for- tes gelées. On doit se prémunir contre ces accidents. 2 ^ . La nature du sol et son état de fertilité sont les points qu'on doit prendre ensuite en considéra- tion j dans les sols légers et peu profonds, on ne doit pas semer trop éjiais ; tandis que dans les sols tena- ces, argileux et humides, il est nécessaire d'emplo- yer une plus grande proportion de semences, à moins) que ces terres ne soient bien préparées, ameublie» i)ar une jachère d'été et dans un haut état de ioiti- Oi. le -, à. «.'Si ! semence, Ou sèmu par un soi is changei ■odiiits sa- qu'il j)euî. lia et lof' i peu prùN res ; quant t cil i rra- i scia- ncc, s ne pnis- ;rouvj très oisemont ; leterie eu e la rouille le croise- Li, quoique lationâ très à cet objet juea règles ice. •er, est le ice lorsque ble ; il n'en 5 temps va- ou aux fbr- s accidents, ertilité sont considéra- , on ne doit s sols tena- re d'emplo- îes, à moins) ameublies at de icïti- PRÉCIS D'AGRICULTURE. 85 :ilè -, alors une petite quantité do semence est sufii- •sante. 3^. On doit ensuite considérer la saison de la semaine; en olfct, les plantes semées de bonne l'ieufc, s'enracinent plus promptement, et ont plus de temps pour pousser des tige^ latérale», que cclle.'S <[ui ont été semées tard ; âan^ ce cas, une moindre qui'.ntité de semence est sufliriante pour garnir le terrain. 4' "^ . (ni doit considérer auf?si l'état du temps, à. l'éponuc de la semailîe ; car, si la liaison est très sè- oI.J, 'et le sol peu humide, on doit s'attendre qu'il manquera plus de semonces que dans le cas con- traire. On doit donc alors m emjiioyer une plus grande quantité : mais aussi il faut exécuter la se- niaillc immédiatement après le labour. 3 ° . On doit aussi considérer le mode des semnii- los. Lorsqu'on sème à la volée, ou doit employer wne plus grande quantité, que lorsque les crains sont déposés dans le sol, à profondeur et à distances éga- les. C)^ . En fixant la quantité des semences qu'on doit employer, il est nécessaire aussi de savoir si on doit semer du trèfle avec le grain ; dans ce cas ou doit em])loyer une quantité moindre do grains, :ui- trement le trèfle fioulFrirait essentiellement. 7^. La qualité de la semence est un autre point auquel on doit faire attentior; ; en effet, si la semen- ce est bonne, il en faut une moindre quantité ; parci; ».;uetous les grains végéteront, tandis que si elle est mauvaise, beaucoup de grains peuvent manquer. 8^ . Le dernier point qu'on doit considérer, est h: volume des grains de semence ; car pins le grain. t.'St petit, j)lus grand sera le nombre des plantes pro- ^^aiites par un poids déterminé de grains : les grains >onds et bien nourris ne sont pas moins propres à lu. végétation, quoique d'une grosseur médiocre ; lj au semoir et de la PLANTATION DES GRAINS. 1 *-* . La semaine à la volée enterrée par la herse, Cf>t la méthode la plus généralement suivie, quoi- que très difficile,tà cause au pas mesuré, de la poi- gnée régulière, et du jet iinifbrine (|ue le semeur ac- quiert. Un semeur habile et expérimenté distribvtc V PRÉCIS D'AGRICULTURE. 87 reoI)jef5 i grains i et pro- douce- oit dans •parfaits sitôt et l'emploi 1 de ^'! je, alorvS lia vieu- s certai- ttaqiies, On cni- es, etc., UIX. pissance on dan» }r trém- ies gei- fiiniier, es com- pas y lune le» DE LA a herse> quoi- e la poi- leiir ;u-- istribvte îa semence sur le sol avec la plus exacte égalité ; l'opération du hersage n'est pas moins difficile, par- ce qu'elle décide si la semence est déposée à la profondeur convenable pour sa germination. Le travail du semoir exige plus de temps que lasemail- le i la volée. 2 ° . Plusieurs cultivateurs considèrent la semaill« flOUS raies comme très avantageuse, quoique coûteuse à cause du grand nombre de labours qu'il faut don- ner à la terre ; cette méthode ne convient que très rieu aux terrains argileux, parce que l'humidité j'ourrait faire pourrir la semence. 3 ° . Les semailles en lignes ne conviennent guô- le qu'aux récoltes légumineuses, parce qu'elles fa- vorisent le dessèchement des sols trop humides, ex- posent plus de surface aux influences de l'attnos- phére,<;e qui améliore le sol et donne plus de faci- lité pour la destruction des mauvaises herbes ; les navets, ain*i que les patates doivent toujours être plantée en lignes droites. § XL Du Binage, Le binage est une espèce de labour qu^'on exécute pendant la croissance des plantes cultivées, et son but est à la fois d'améliorer la récolte présente, et ras ; i)ourYU qu'on ait soin de couper les grains bas, afin de ne . len jierdre, soit en grain soit en paille On doit éviter de couper le grain lorsqu'il est humide. Dauis les saisons humides, un ])lace les g;erbes debout, le* épis en haut, le lien lâche, ))lacé i)rès des éjiis, et cm écartant le pied de la gerbe, pour lui donner de la ^iolidité. Los gerbes ne doivent ]fas excéder neuf j>u'.icos de diamètre, ou trente pouces de eirconfé- renco ; le lien ne iloit être que tl'une seule longueur do j)aille, au lieu de deux ; la gerbe ne doit j>cs être .verrée avec le genou, alin que l'air jniisse y péné- trer. i:^. Emploi de h f aulx. On f;ut fréquemment usage de cet instrument jiour cou}>er les avoines et les orges, même le froment. On en^ploie la fuulx liue, ou garnie d'un cngerai, pour aider a placer le» é|)is plus régulièrement dans la même direelion. Om doit couper la paille à deux ou trois i)onces au-des- !kUs de la terre. § XV. TiENTRiiE DES nf.COLTES. Lorsque les grains sont coupés, on les met en ger- bes que l'on réunit on tas, formés de deux rangs, d« cinq ou six gerl^es chacun, en les recouvrant de deux autres gerbes, qu'on élargit pour les garantir de la ])luie ; les dernières s'aiipelkmt ; le chapeau. Dans les saisons ImmidcB, on met (juelquelb s la récolte en ]ietites mculoB, dans le cliani]), et elle y reste jusqu'à ce qu'elle soit propre à é'rc transporté* dans la. cour des meules. Pur ce moyen on nu-t la grain à l'abri do tous danger». }j1 coi:.iemer épais ; :") ^ . changer de semences ; () ° . cir John Sinclair dit : "qu'antre fois,'on ne faisait " aucune attention au sytéme de rotation ; qu'hen- " rcusement aujourd'hui cette branche essentiel]* " de l'agiiculturc est fondée «ur des principes aussi "distincts, et aussi cerlain« que ceux qui Ibrment •' la base de toute autre science ou qui dirige dans *' la praticjue de quelqu'antre art que ce soit." Les assolements sont considérés comme le trait ]e])lus i)ioémincnt d'une bonne exploitation rurale ; tomme |iouvant prouver un accroissement considé- rable des produits du sol ; comme constituant parti- culièrement ce qu'on peu appeler l'àmc ou l'essen- ee de l'agriculture ; comme base de tout perfection- nement de cet art ; comme étant le moyen le plu» puissant d'assurer les jaogrès de l'agriculture, et de servir les intérêts du j)ays. Pour adopter un système d'assolement, on fera attention aux circonstances suivantes: le climat h-ec ou humide, froid ou chaud, et la situation basse ou élevée. Les climats humides et les silun. lions éle\'ées, sont favorables à la croissance de l'oi- PRÉCIS D'AGRICULTURF.. 9;^ vuinc ; les climats secs et les situations basses con- viennent mieux à l'orge. Le sol, lo subie, le gravier, l'argile, les sols calcaires, la todrbo, les sols d'alliî- vion, les loams, exigent respectivement diverses rotations de récoltes; le sons-sol dont la natiirii influe beaucoup sur les récoltes s'améliore par la pos- sibilité de se procurer iuciletnent des engrais. On doit donc diviser les rotations selon la nature des sols auxquels elles sont applicables. Quelques cultivateurs ont adopté un cours de deux nnnées seulement, comme blé et fèves alternative- ment ; on blé, avec récoltes de pommes de terre «t lèves alternativement. Rotations de trois ans. 1er Récolte, navets de Suède ; f2me orgs ; 3me trèfle, il est mieux de commencer par une récolte nettoyante, comme 1 '-' . par les patates ; 2° . blé ; '^ ^ . trèfle. Mais il faut fortement amender les pa- tates, le système a toujours eu un grand succèa en Angleterre. Rotation de quatre ans. Première année, turnips ; 2me Orge ; 3me Trèfle ; imeJifBlé, ce qui se pratique en Norfolk. La Rotation suivante est adopté près d'Edimbourg, I ° . Patates ; 2 <= . Blé ; 3 ° • Trèfle ; 4 = . Avoine. II faut toujours se rappeler qu'il faut du fumier pour les patates. Rotation de cinq ans. Il y a plus de vingt-sept ans, dit encore ]Mr. Sin- clair, que l'assolement suivant est adopté dans le» environs do Glasgow. 1er. année, Patates ; 2rae. Blé ; 3me. Prairie artificielle à faucher ; 4me. Pâtu- rage ; .^>me. Avoine. Si les cultivateurs, dit-il, étaient convaincus qu'il y a autant de profit à culti- ver des récoltes destinées à leur bétail, que des ali- ments pour l'homme, l'importation du grain dans ce })ay.s ue serait bientôt plus nécessaire, à cause d« tl 94 PRÉCIS D'AGRICULTURE. I , Hi '. V l'augmentation dans la quantité des engrais qui se- rait le résultat de ce système. Il cite cette maxi- me : On ne doit semer du grain qu'en môme temj)8 qu'on sème une j)rairio artificielle, ou lorsqu'on la rompt. Dans les sols tourbeux, bien saignés. On recom- mande le cours suivant : 1 ° . Patates ou Navets ; *i ° . Avoine ou Orge ; 3 » . Trèfle ; 4. =^ . Pâturage ; T) ® . Avoine. Ccpondunt on doit observer que le sol tourbeux, exige plus de pâturage pour le consoli- der ; parce qu'il lui faut plus de labours. On doit améliorer successivement. Un sol peut-être trop riche produit la rouille ; le blé qui croit sur un tas de fumier est toujours rouillé, outre que le paille ne vaut rien. ROT/TIONS DE SIX ANS. Elles conviennent particulièrement aux grandes exploitations. Les rotations de ce genre peuvent être partagées en trois grandes divisions, savoir : 1 ® . Pour les sols argileux ; 2 ® . pour les sols sablonneux ; 3 *= . pour les loams. 1 ® . Dans les terres compactes et humides qni ont été longtemps en culture on recommande forte- ment une jachère, ou une récolte-jachère, une fois tous les ans. La rotation que l'on regarde comme la meilleure, est 1 ® .Jachère, vescc d'hiver, navets de Suède ou choux; 2°. Blé; 3 = . Trèfle; 4°. Avoine ; 5 © . Fèves ; 6 ° . Blé. 2°. Sols sablonneux, 1 ® . Carotte, vcsces turnips ou pommes de terre; 2®. Orge ou avoine, avec graines de prairies artificielles ; 3 ® . Faucher pour foin ou en vert ; 4 ° . Pâturage ; 5 ® . Pâturage ; 6 ® . Avoine. Avec cet assolement, ces sols don- nent un produit considérable, et au lieu d'être épui- sés, augmentent la fertile. 3 ® . Loams ou compots de terre mélangés. Dans cette espèce, on recommande le cours suivant : 1 ® . Turnips ou jachère j 2 « . Blé ou orge \ 3 ^ PRÉCIS D'AGRICULTl^RE. 95 Trèfle, soit seul, soit avec du ray-grass, avec addi- tion d'un peu de trèfle jaune; 4-°. Avoine ; 5° . vesces, poison fèves ; 6 ® . Blé. Le trèfle réussit rarement avec l'avoin*;, mieux avec l'orge, et encore mieux avec le blé semé au printemps. Rotation de sept ans. En Snfiblk, Ire. Turnips ; 2me. Orge ; 3rac. Fèves ; ime. Blé ; 5rae. Orge ; 6me. Trèfle ; 7me. Blé. Ces récoltes sont productives, et la terre se maintient tlans un grand état de propreté. BOTATION DE HUIT ANS. Sur des loams argileux ou des argiles riches, ou lorsqu'on peut se procurer une grande abondance d'engrais, on a fortement recommandé le cours de huit ans, suivant, Ire. Jachère fumée ; 2me. Blé ; 3me. Fèves en lignes et binées ; ^me. Orge ; 5me. Trèfle et ray-grass ; G me. Avoine ou blé ; 7me. Fèves en lignes et binées ; 8me. Blé ou avoine. Cette ro- tation assure d'abondantes récoltes, pendant toute la période, pourvu qu'on fume sur le trèflie, avant de le rompre ; sans ce supplément d'engrais l'assole- ment serait mauvais, et on n'obtiendrait que de fai- bles récoltes les dernières années du cours. En EsseXjOn laboure huit fois la jachère pour l'or- ge, et six seulement pour le blé. Conséquences générales, au sujet des rotations. 1°. Dans le commencement de l'amélioration d'une ferme, livrez-vous principalement à la culture des récoltes qui doivent produire des engrais, ainsi évitez l'orge. Ne placez jamais deux récoltes épui- santes successivement, à moins que le sol ne soit très riche. Les récoltes vertes sont préférables, parce qu'on entretient une plus grande quantité de bétail dont on obtient une grande quantité de fumier; parce que point de bétail, point de fumier ; pas de fumier, point de récoltC; ou de très minces. J ■::l l s ?i -il îl r' .06 f RKCIS D'AGUICULTrjnK. C^. Les iécoltcs doive lit cLr(? arranîrécs de nu* niiire qiif. les tnivaux de labours, soinuilles, aarcla- •^cs, récoltes fjiie chacune exige, se succèdent ré- gulière mont, pour no pas so trouver cncombrô dcî travaux à la fois. (i "^ . On doit éviter les récoltes trop épuisantes, ©n le Créquont retour des mêmes espèces, ou d'es- pèces aiialojîucs, à cause de la diminution dans lit quantité et dans la qualité des produits. 4®. On doit s'attacher à cultiver les récoltes qm facilitent le mieux la destruction des mauvaises her- bes. On y parvient en cidtivant nnc plus grandw proportion de récoltes verte.s (jucdc céréales. 5^ . La rotation la plus productive sur un sol lé- ger, en système général, serait : 1 ® . Vesces d'hi- ver et turnips semés de honno heure ; 2°. OrRu ; Trèfle, et navette en juillet pour détruire lo iVin- u'orm ; 4> ^ . Blé ; et sur les sols argileux, 1 ® . jachère , vesccs d'hiver ou iwvos ; 2^. Blé d'automne seniù en li;rnes, pour assurer lo succès du trèfle ; 3 ^ . trè- fle ; 4< ® . Avoine, quant aux rotations plus longue«, on croit généralement qu'elles sont sujettes à salir tellement le sol, qu'il est fort difficile de le nettoyer eomplèteinent, sans une année de jachère. DEUXIÈME TAIITIE. Dks prairies. La culture des prairies présente un objet aussi im- portant au genre humain, que celui qui se rapporte à la culture dey terres arables. En effet, les difTé- rentes plantes qui croissent dans les prairies, soit naturellement, soit artificiellement, fournissent de la nourriture à un grand nombre d'animaux si utiles à l'homme. Outre cette importance, les prairies améliorent les champs, les fertilisent, et en augmentent coosi- dôrablement le produit. On doit considérer les points suivants, dans les prairies relativement aux herbages : Pâturages éic- PRÉCIS D'AGRICULTURE. 9' vc» ; prairies de qualité moyenne ; riches pâturage» permanents; traitements convenables des sols ri- ches en pâturaf^es; celui qui convient aux prairies uaturollcs. et procédés convenables pour convertir leurs produits en loin ; Keguin ; Pâturages d'Eté ré- servés ; prairies artificielles et cousonimalion de leurs produits, soit pour la nourriture en vert du bé- tail à l'étable, soit en les convertissant en foin ; con- version des terres arables en prairies, dans le systè- me de culture alterne. 1er. Pâturages élevés. Les cultivateurs intelligents qui entretiennent du bétail, ont beaucoup amélioré leurs pâturages élevés, en ouvrant des rigoles d'écoulement en travers de la pente des collines, partout où il paraissait de l'hu- midité. Les produits de ces pâturages sont deve- nus plus sains et plus agréables au bétail ; la chute des eaux a cessé de faire dommage. Règles à observer. 1°. Enclore ces terrains. 2° . N'y pas mettre plus de bétail que ces terrains n'en peuvent nourrir. 3 ^ . Diviser le pâturage en plu- sieurs clos, en faire sortir de temps à autre le bétail d'une division, pour le placer dans une autre, en donnant toujours la préférence du pâturage au bétail à Pengrais. Par cette pratique l'herbe accroîtra, le sol sera purgé de toute émanation du bétail, les bes- tiaux mangeront avec plus d'appétit quand ils y se- ront remis. 4° . Les excréments des animaux doi- vent être répandus aussitôt qu'ils sont tombés, au lieu de les laisser en masse. 5° .On doit donner le plus gras pâturage aux animaux de la plus grande ra- ce que l'on nourrit. 6°. On croit qu'il ne convient point de mettre sur un même pâturage des animaux de différentes espèces. Les herbes produites par le fumier du bétail à cornes, ou des chevaux, ne sont pas saines pour les moutons, étant d'une qualité trop riche. / /'•■; i! h I ••i i ! 08 PRÉCIS D^AGRICULTURE. fime. Prairies de qualité moyenne. rinsicurs points sont à considérer relativement à ce sujet. D'ubord, si le sol est humide il le faut dessécher complètement, avant de le rompre. 2 ° . Les terres qui ont été lai. sées longtemps en pâturages pendant le premier cours de récoltes, après qu'elles ont été rompues. Pour mettre le sol en prairies, il faut faire choix de récoltes qni raracii- blissent, en l'améliorant et le net'.oyant de toute» mauvaises herbes. 3me. Riches pâturages permanent. Il y a des prairies qui ne doivent pas être rompues, comme les prairies arrosées, et autres de cette es- pèce. Ceux que l'on considère comme plus propres à former des pâturages permanents, sont de trois sortes : 1 ° . les argiles tenaces qui ne sont propres ni aux turnips ni à l'orge, qui s'améliorent d'autant plus qu'on les conserve plus longtemps en pâturages, avec un traitement judicieux ; 2 ° . les loams argi- leux, meubles, avec un sous-sol argileux et marneux j 3® , les sols riches, profonds et sains, situés au fond des vallons, enrichis aux dépens des terrains supé- rieurs. Il ne se forme jamais de pentes ou crevas- ses dans les terrains de cette espèce, même dans les étés les plus secs. Ces pâturages présentent tous les avantages possibles et sous tous les rapports. Ces deux dernières espèces de sols ne pourraient être labourées, sans courir le risque de diminuer leur valeur, et produisent plus en état de pâturage qu'en culture. Les terres profondes et sa'iics des vallons produi- laient beaucoup si on l'es 1p bourait ; mais la culture leur nuirait, en les rendaot trop meubles et trop lé- gères. 4me. Mode de traitement des riches pâturage». Règles. 1 ° On doit d'abord considérer le genre d'amendements qui leur convient, et la saison où PRÉCIS D'AGRICULTURR. 99 ement à essùcher ;mps en récoltes, ;rc le sol i rameii- c toute» r. rompues, jette cs- 5 propres de trois t propres d'autant âtu rages, nis argi- larneux j ; au fond ins supé- 1 crevas- e dans éseutent rapports, urraient iminuer )âturage produi- culture trop lé- rURAGES-, |le genre lison où il* doivent Être employés ; 2®. détruire les mau- vaises hcrncs dans les prairies; 3'. au lieu do se servir du rouleau qui tend à accroître la ténacité do la surface, ou recommande l'usage de scarifier le ga- zon avec une charrue composée seulement de coù- tres, ou les dents do la herse, de manière à déchi- rer toute la surface, lorsqu'elle forme une croûte, l'ar l'ellut du scarificateur, cette surface est ameu- blie, et les racines des herbes végètent plus facile- ment. Celte utile opération doit précéder l'applica- tion de l'engrais qui, répandu à la surface, atteint promptcment la racine des plantes. 4-^. Un bon cultivateur, pour aucune considération, ne doit pas jjcrmcllre que le gros bétail mette le pied dans les pâturages de cette espèce, dans les temps humides, surtout au printemps. 5 ° . La mousse nuit beau- coup aux pâturages ; cependant on la doit détruire nw moyeu de herses fortement chargées, de manièro A pénétrer jusqu'à deux pouces de profondeur, et d'y répandre de la chaux ou des compots ; le plus puissant remède, est le labour. 6 ® . En général les riches pâturages doivent être rarement fauchés. î^i on les fauche, on le doit faire avant la maturité des herbes; le regain doit être alors pâturé par les moulons, dont les excréments sont plus fertilis-vùts que ceux du gros bétail, et sont moins sujets à .iu- 1er l'herbe. C'est une excellente n?éthode de pâturer et fau- cher alternativement; la qualité et la quantité du foin sont améliorées. 7 ^ . Il faut déterminer dans quels cas le fauchage où le pâturage deviennent nécessaires. L'ombre d'une récolte épaisse qui a couvert le sol pendant longtemps, tend à sa fertilué ; on sait que l'avoine qui suit un trèfle coupé à la faulx soit pout la nourriture du bétail à l'étable, soit pour en fair-j du foin, est supérieure a celle qui suit un trèfle pi- Uu'é. •y* \ rV' '7f' \ H lî i I El ;1: 1 00 TTitC\% D'ACRICrLTL'nF 5me. Prairiks naturelles k faucher. Ces prairies so distingnont on trois classe». 1 ° . Celles situées sur les bords des riiisseaii\' et dos Rivières ; 2 ° . priiirics ùlcvécs ; 3 ° . les jjrairie» insirécagciises. Les premières sont fertiles si on les soumet ù l'ir- rigation ;si elles sont souvout inondées, elles se lU- tniiscnt. Le sol de ces pré» élevés étant tenace et mûli de cailloux, est peu propre au labour. Ordiniiircuiciit «?n Middlesex, on conduit les engrais sur ces ter- rains eu octobre, lorsqu'ils sont secs, pour no pi» être endommagés par les chevaux, ce qui se fuit » la veille de la saison des pluies ; parce que les pluies font descendre les sucs de ces fumiers dans la terre. S'ils n'étaient répandus qu'à la surface, ils s'évapo- reraient et no produiraient aucim effet. Un bon cul- tivateur a dit que, répandre les fumiers à la surfic* c' ?sou.s-notis. 4 - . La 'iizcnc exige un .sol rlclie bien égoutté, et bien letoyé. f) ^ . Al c'cs divers. Le trùflo jiMine esL une piau- le uli'o par su prùc< •', é, lo'.squ'on iii inûlo i d'uii- Ires pliuitt'sà fuiirrafjo. Le Irùile rnoye-i étant jiiii.i diiralilc que le t.èHe comimin, mérite l'uttentiou ilc.n cultivateurs, lorscjue le sol doit rester quelque tum[i». eu herbages. Il y a grand nombre d'uuti s plantes (le cette espèce que l'on [)oufru'l cultiver avec avan- tage : CoNVEnSlON DES TERRES ARABLES EN PRAIRIES POUn LEUR AMÉLIORATION ET DE LA CULTURE ALTERNE. Si lo quart des terres arables qu'on sôinc iruintc- luuit en grai'is, étaient convenablement mises ci ]>rairics pour lu nourriture du bétail, jusqu'à ce ([ue - les redevinssent propres à produire d'abondantes n'- coltes, il en résulterait de très grands avantages, et pour le cultivateur, et pour le public ; parce qre les trois autres quarts, mieux amendés, et cultivf.'s à moins de frais, produiraient autant de denrées que lo tout eu produit aujourd'hui. La miso en prairies d'une portion de terre arable d'un pays est un sujet d'une très grande impor- , tance. En efict, dans le cas do rareté des grains, on peut augmenter facilement le nombre de vache» qui, en enrichissant le sol par leur fumier, procure- raient une nourriture excellente au moyen du luit. Mr. Curweu estime qu'une vache de bonne race cL bien nourrie, produira annuellement 3,73D litres de lait, a2d. font JC30. 7. 2. La nourriture peut coùtei îOd. par jour, ou JG15. 4.2. environ par an, suii-^? compter le veau. En sorte que le jirolit serait d .î jC12. En général, ou cultive une trop gruiide élcn- duc de terre, au graud détriment du culliv?.tcijr et du public. •V Il >i iv PRÉCIS D'AGRICn/n'RK. 10:1 C'est une grande errcMir, on ètablisinnt dos pnii- rics, d'omploycr une quantité insiilfisiintc de a»«- mcnro, on trop pin d'cninais. La toiTO iivaldc (pic Ton ch^stino à t'trn coMVortitf «n pniirio, doit ôiro natnrolloniont sècho, ou v'r^t cgontco par dos travaux préalables, avant qu'on puisse espérer d'en obtenir do bonnes récollow dtf Ibnrrage artilicie'. Les avantages do la culture altcrn ■» .lont considé- 'ables ; il n'y a que ceux qui ont essayé ccttiî uié- tliodc, qui peuvent connaître l'immense uniéliorn- îion iju'on apporte dans les produits, en convertis- sant en prairies les terres anciennement cultivées, et en mettant en culture les anciens pâtura C(\s. On doit ce|)endant éviter une trop grande élendu« de pâturage dans un pays populeux. An total, on a remarqué que le système de culture alterne est le plus avantageux aux cultivateurs et au public. Il exige un capital pour commencer ; il cause dos embarras dans son exécution ; mais ce sont des circonstances qui accompagnent néces-jui- rement tout système perfectionné. Nous passerons sous s'iencc la partie qui concerne les jardin», les vergers et les bois.